A Dubaï, ceux qui ne jeûnent pas, n’ont plus à se cacher pendant le ramadan

Dubaï a des sueurs froides. Septième ville la plus visitée au monde en 2019, la baisse des cours des hydrocarbures mais surtout la crise du Covid-19 ont entamé le moral de son économie. L’immobilier, fleuron de la cité aseptisée, voit le prix des loyers baisser  jusqu’à 50%. Les panneaux « à louer » ont essemé sur les façades des immeubles et le tourisme a été dramatiquement touché.

Dès le confinement, fin mars 2020, les nombreux hôtels parmi les plus luxueux au monde, ont dû fermer leurs portes. Il faut savoir que la ville des Emirats arabes unis compte entre 140 000 et 150 000 chambres. Les frontières étant fermées, les vols ont eux aussi été interrompus.

Comme tout état de luxe à travers le monde, aux Emirats arabes unis  l’impôt sur le revenu n’existe pas. Seule une symbolique TVA à 5% est imposée et de manière très récente. Dubaï aimante les capitaux des plus grosses fortunes mais aussi « l’argent sale des mafias internationales, hier, russe et chinoise, aujourd’hui israélienne »[1] . Sa fortune est aussi le fruit d’un tourisme de masse séduit par le gigantisme de ses infrastructures : centres commerciaux,  parcs d’attraction mais aussi  l’aberration de cette plus grande piste de ski indoor au monde qui fait fi du réchauffement climatique :  moins 0 degré à l’intérieur et plus 40 degrés à l’extérieur.  Les chiffres, pour une ville de cette superficie sont effarants ; une moyenne d’un million et demi de touristes par mois s’y croisent.

Dès l’apparition du Covid-19, les autorités publiques ont développé des moyens  colossaux pour éviter la propagation.  Après un temps de confinement absolu, elles ont mis en place des « drive in » pour effectuer les test. La personne détectée positive, une quarantaine lui était immédiatement imposée. Pour ceux qui ne respectaient pas les règles : de lourdes amendes voire, des expulsions en cas de récidive. Avec de telles mesures restrictives, les habitants ont repris une vie pratiquement normale très rapidement, surtout que la population est jeune et que la ville est dépourvue de maisons de retraite. L’épidémie sous contrôle, les Emirats ont réouvert  aux touristes pour les fêtes de fin d’années. Ce fut une erreur stratégique puisque début janvier les contaminations sont passé de moins de 1 000 par jour à 4 000 cas journaliers.  Les autorités ont dû à nouveau prendre des décisions drastiques comme les distanciations sociales incluant les restaurants.

Manger en public durant le ramadan dans un pays musulman ? Du jamais vu ! 

Les restaurants de Dubaï se sont donc vu proposer le choix de placer ou pas des voilages ou des tentures pour couvrir les façades, afin de servir des plats durant les journées du jeûne. Cette recommandation a émané du département de l’Économie de Dubaï dans un communiqué publié la veille du premier jour du ramadan.

Ces dernières semaines, Dubaï a massivement réouvert ses portes aux touristes internationaux afin de pallier au manque à gagner des mois passés sous Covid-19. Il est à signaler que d’avoir allégé les restrictions liées à la pandémie a fait des Emirats une destination privilégiée pour ceux qui tentaient d’échapper aux confinements à travers le monde. Ce mois sacré de ramadan pour les musulmans ne devait pas, aux yeux des autorités, reporter de 30 jours  la reprise touristique internationale, quitte à assouplir certaines coutumes encore très fortes dans d’autres pays voisins où manger en public est passible d’emprisonnement.

Dubaï, exception arabique

Cité-Etat où luxe côtoie luxure, tours de verre fleurtant avec des altitudes uniques au monde, plages ultra-privées, c’est la ville la plus occidentalisée dans une région du Moyen-Orient foncièrement conservatrice. En novembre 2020, les Émirats arabes unis ont annoncé des réformes sur les lois en lien avec des codes sociétaux liés à la vie quotidienne. Par exemple : l’interdiction formelle de vivre en concubinage mais également celle proscrivant l’interdiction de boire de l’alcool, même si dans les faits cela était déjà le cas.  Offrir une image progressiste fait partie de la politique de communication de la ville musulmane et de lever l’interdiction de manger en public pendant le ramadan est une nouvelle étape de franchie dans le processus de séduction pour le reste de la communauté internationale.

[1] France Culture

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