Le grand mutisme de la Défense belge sur le racisme et les discriminations (1/3)

Divercite.be se penche sur la question du racisme et des discrimintions au sein de la Défense, un sujet à la fois délicat et d’actualité. Dans un entretien  au magazine « Wilfried », Serge Lipszyc, président du comité R prétend  que « au sein de l’armée, de la police mais aussi dans le milieu politique, notamment flamand, il y a une certaine complaisance à l’égard de la droite extrême » et d’ajouter : «  Si Jurgen Conings s’était appelé Mustafa… ». Ces déclarations de ce haut magistrat sont l’occasion pour nous de faire un état des lieux. Pour ce dossier, nous avons pu compter sur l’utile collaboration à la fois du Général en retraite Guy Buchsenschmidt et de Brahim, un militaire belge de confession musulmane.

L’image d’hommes en treillis ou en uniforme faisant corps et sacrifiant parfois leur vie pour celles de leurs frères d’armes, cette image d’Épinal ou produite par le cinéma est loin d’être l’illustration adéquate de ce que vivent les militaires musulmans qui intègrent l’armée. Par vocation, par passion ou par défaut, celui ou celle qui rejoint les rangs, de ce que les Français qualifient de grande muette, ne le fait pas comme on entre dans une autre institution. L’armée c’est un mythe, c’est le lieu où la grande Histoire avec un H s’écrit et où de petites histoires se vivent. Mais le mutisme et le respect sans faille de la hiérarchie y sont, dans tous les cas, érigés en principe cardinaux.

Courage, honneur, sacrifice, dévouement, abnégation, altruisme, fidélité au Roi, à la nation, au drapeau etc., sont des valeurs et qualités qui, pour le commun des mortels, caractérisent l’institution. Intra-muros, il semble toutefois qu’on vit une toute autre réalité. Entre les assentiments forts aux valeurs militaires et le vécu au jour le jour, en particulier sur les questions de différences culturelles et religieuses, s’ouvre une trappe remplie de préjugés féroces.

Comme vit-on la diversité au sein de la Défense ? Le racisme, le sexisme, les discriminations et l’islamophobie y seraient-ils beaucoup plus enracinés qu’on ne l’imagine ?

Nul n’ignore que depuis 2001 et les actes terroristes qui ont touché New York et Washington, les paradigmes de la sécurité occidentale ont poussé les militaires à virer leurs radars vers le monde arabe et musulman. Près de dix ans après l’effondrement du bloc soviétique, la guerre menée en Irak et en Afghanistan, les printemps arabes et la chute des régimes tunisien, libyen ou encore égyptien ont conduit à de nouvelles donnes. Celles-ci ne sont pas sans répercussion sur la perception de nos concitoyens quant à la place de l’Autre, celle du proche, qui partage parfois la même appartenance religieuse que ces pourvoyeurs de morts lointains.

La guerre contre les musulmans, la guerre contre l’islam, le choc des civilisations qu’Huntington, Professeur d’Harvard, a longuement développé dans son essai, a imprégné ceux mêmes qui n’ont jamais lu une ligne du livre. La claque du titre, en quatre mots, suffit à résumer ce que certains, dans le bouillonnement de leurs esprits n’étaient parvenus à formuler. Et comment peut-il en être autrement quand on intègre l’armée avec pas ou peu de connaissances géopolitiques? Comment peut-on faire la part des choses, lorsqu’on est une jeune recrue de l’armée, entre l’idéologie, la foi et la pratique ? D’ailleurs, ceux qui au sein de l’armée sont musulmans, peuvent-ils eux-mêmes communiquer adéquatement et faire le tri en mobilisant les vocables appropriés ?

Comme vous le découvrirez à la lecture de ce dossier, les positions au sein de ce débat peuvent être très éloignées les unes des autres. Dans son témoignage, le général en retraite Guy Buchsenschmidt nous dit n’avoir jamais rencontré le racisme dans une carrière longue de 42 années à la Défense. D’autre part, Divercite.be a rencontré Brahim (Prénom d’emprunt) soldat belge de confession musulmane. Il nous livre ici un témoignage aux antipodes et fait des confidences importantes. Selon lui, l’armée n’est pas toujours un lieu de brassage ethnique ou un concentré de diversité dont on tire le meilleur profit.

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AFP PHOTO GEORGES GOBET (Photo by GEORGES GOBET / AFP)
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