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Naël Khleifi, cinéaste belgo-palestinien « La société israélienne doit se débarrasser de ses démons »

DiverCite.be a rencontré Naël Khleifi, cinéaste, fils de Michel Khleifi, réalisateur israelo-palestinien à qui l’on doit notamment les films « Noce en Galilée » ou encore « Conte des trois diamants ». Naël Khleifi s’est prêté au jeu des questions/réponses lorsque nous lui avons demandé de réagir aux événements tragiques qui frappent la bande de Gaza et de nous donner son point de vue en tant que fils d’un Arabe Israélien. Il nous a répondu avec sincérité, émotion et lucidité.

 Entretien 

DiverCite.be : Votre père, Michel Khleifi, est Arabe Israélien installé en Belgique depuis plusieurs années, de quelle ville vient-il exactement ?

Naël Khleifi : Il est originaire de Nazareth, des territoires d’avant 1948, mais il est parti quand il avait une vingtaine d’années. Comme beaucoup de jeunes gens, ils rêvaient d’ailleurs.

DiverCite.be : Nazareth est essentiellement une ville arabe ?

Naël Khleifi : Oui, mais tout autour de la vieille ville s’est construit une banlieue du nom de Nazareth Illit, bâtie dans les années 1950 pour accueillir les migrants juifs. Avec le temps, elle devient de plus en plus arabe.

DiverCite.be : Vous avez encore de la famille en Israël ?

Naël Khleifi : Ma famille paternelle habite entre le Canada, Israël et la Cisjordanie. J’ai des cousins au Canada, mais aussi en Allemagne.

DiverCite.be : Dans un Israël en construction dans les années 1960 et 1970, pourquoi le choix de l’émigration de votre père ? Un sentiment de discrimination, parce qu’Arabe ?

Naël Khleifi : Mon père, mais aussi ses frères et ses sœurs ont grandi en Israël, mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’à cette époque-là, et jusque dans le milieu des années 1960, les villes palestiniennes étaient sous blocus militaire. Personne ne pouvait sortir des villes palestiniennes. C’était déjà des situations très difficiles. La situation, sociale et politique, donnait encore plus envie de partir. Dans ma famille, mon père a émigré, mais aussi mon oncle. Il est venu étudier en Belgique avant de repartir pour Israël. Dans la génération de mon père, un cousin a rejoint le Canada sinon la plupart sont restés en Israël.

Pour ceux qui ont émigré, je crois qu’il y a eu des opportunités de travail ailleurs, en plus de la situation économique et politique qui a surement joué dans la décision de partir.

DiverCite.be : Quel regard, vous et votre père, portez-vous sur le Hamas  ?

Naël Khleifi : Déjà en tant que cinéaste, mon père a toujours été très impliqué politiquement. Nous sommes globalement d’accord sur beaucoup de choses.  Les anciennes générations ne voient pas toujours les choses de la même manière que les plus jeunes.

Mon père fait partie des intellectuels de gauche palestiniens et ce sont des gens qui ont toujours combattu le Hamas et ses idées fondamentalistes. Ce sont des humanistes et c’est très difficile pour eux de se retrouver dans cette mouvance, c’est même littéralement impossible et je le rejoins complètement.

Deuxièmement, parmi la plus jeune génération, et même parmi la diaspora, certains se sentent «animés» par des actes de luttes. D’ailleurs, je pense que « qualifier » le Hamas est une erreur. Les définir de combattants ou de terroristes n’est pas la chose à faire  parce que c’est un mouvement politique avec une branche armée, sans compter sur la complexité des luttes internes, etc. Par contre, ce qui s’est passé le 7 octobre, mon père et beaucoup d’autres,  jugent cela comme une grande catastrophe.

Le problème du colonisé, c’est lorsqu’il commence à parler comme le colonisateur, avec la même inhumanité. C’est un échec à la fois calculé, mais aussi instrumentalisé de la part du gouvernement israélien depuis 20 ou 30 ans. Il utilise des termes génocidaires pour parler des Palestiniens d’Israël, de Cisjordanie ou de Gaza. Il impose aussi un vocabulaire qui est essentialiste. La gauche palestinienne ne parle jamais de juifs, mais elle parle d’Israéliens. Par contre, les Israéliens imposent que l’on parle d’eux en tant que juifs. Ce qu’on oublie en Occident, c’est que le gouvernement israélien est un gouvernement religieux. L’État d’Israël est un foyer juif et c’est dans la constitution. Le colonisé utilise le vocabulaire et la logique du colonisateur. Cette colonisation est extrêmement violente et structurée, c’est cela qui me rend triste. La gauche palestinienne  est en prison ou assassinée. Cela arrange énormément Israël d’avoir un gouvernement comme le Hamas à Gaza. Tout cela est un échec de la société palestinienne.

DiverCite.be : Quelles projections faites-vous aujourd’hui sur l’issu de ce conflit ?

Naël Khleifi : L’inégalité des rapports dans ce conflit est telle que, de toute façon, la paix ne pourra venir que des Israéliens, c’est impossible autrement. On prend parfois l’exemple de l’Afrique du Sud et du boycott international, mais il n’y avait aucun enjeu stratégique pour l’Occident. La société israélienne doit se débarrasser de ses démons et devenir une société moderne. Je ne dis pas qu’elle ne l’est pas à certains égards, mais elle persiste à vivre dans des mythes qui ne le sont pas. Mon père dit souvent et depuis très longtemps « Les Israéliens devront passer par un grand massacre pour un jour retrouver leur humanité ». Sans doute en sommes-nous là.

 

Naël Khleifi est chef opérateur surtout dans le documentaire. Son travail de réalisateur se concentre sur les questions liées à l’immigration. Il a réalisé « En attente… » 45min en 2011 et « Alpes » 65min en 2021.

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