Émile, c’est ce petit garçon de 2 ans et demi qui a disparu le 8 juillet dernier dans la région du Haut Vernet dans le sud de la France (relire notre article ici). Malgré des recherches importantes, l’enfant reste introuvable. Plus les jours passent, plus le mystère s’épaissit.
Rien sans doute ne doit être plus douloureux pour des parents que la disparition d’un enfant et cela, quel que soit son âge. Échappant à la vigilance des adultes, Émile est aujourd’hui au cœur d’un des plus grands mystères de ces derniers mois. Le village du Haut Vernet, dès le signalement de la disparation du petit, a été passé au peigne fin. Hélicoptères, drônes, battues, chiens pisteurs, enquêtes de voisinage, 97 hectares de zone montagneuse ratissés, mais rien, absolument rien à ce jour ne peut apporter le moindre indice quant à ce qui s’est passé le samedi 8 juillet vers les coups de 17h15. Aujourd’hui, plus d’un mois après la disparation, les policiers ne privilégient aucune piste : kidnapping, accident, assassinat… C’est le flou le plus total
Comme un relent de l’affaire Gregory
Même si les deux dossiers n’ont rien en commun, beaucoup ont pensé à Gregory Villemin, plus connu comme étant « l’affaire Grégory ». L’histoire dramatique de cet enfant commence en 1984 alors qu’il a à peine 4 ans. Grégory est retrouvé assassiné dans la petite ville de Lépanges-sur-Vologne, dans le département des Vosges, sans que l’on ne sache encore aujourd’hui le fin mot de l’histoire. C’est l’une des enquêtes criminelles les plus célèbres et les plus controversées de l’histoire judiciaire française. Petit rappel des faits : le 16 octobre 1984, le corps de Grégory est retrouvé ligoté et noyé dans la Vologne. L’enquête révèle que l’enfant avait été enlevé et assassiné. L’affaire prend un tournant dramatique lorsque des lettres anonymes sont envoyées à la famille avec des messages menaçants. Lettres provenant d’un certain « Corbeau » qui, vraisemblablement, connaissait les Villemin.
Avec Émile, pour le moment, rien ne laisse présager qu’il s’agit d’une histoire qui se rapproche de près ou de loin avec celle de Gregory, mais en France, les liens étroits des parents d’Emile avec l’extrême droite ont donné lieu à pas mal d’interrogations, de spéculations et de supputations.
Colomban Soleil, le père d’Emile, âgé d’à peine 26 ans, vit avec la maman de l’enfant, Marie Vedovini, à La Bouilladisse, une petite commune d’un peu moins de 7000 âmes à 30 kilomètres de Marseille. Ingénieur de formation, c’est un ancien membre militant d’un collectif d’extrême-droite. Selon la Dépêche du Midi, Colomban Soleil est un sympathisant et un fervent militant du mouvement royaliste et nationaliste « Action Française » (mouvement fondé en 1899, en pleine affaire Dreyfus avec comme objectif une réforme intellectuelle du nationalisme). La presse française a ainsi enquêté sur la famille du petit Emile et elle révèle que le père du garçonnet est connu pour être particulièrement autoritaire. Pendant les battues des premières heures de la disparition de l’enfant, des participants ont remarqué qu’il avait une attitude directe, n’hésitant pas « à remettre à leur place les personnes qu’il jugeait avoir une attitude inappropriée ».
Toujours selon nos confrères de La dépêche du Midi : « Il était très autoritaire et haussait le ton rapidement pour réprimander des gens qui n’avaient pas, selon lui, la bonne attitude. Cela a un peu surpris tout le monde » selon un témoin de l’incident.
Dans ses différentes filiations idéologiques, le père de famille aurait également rejoint le Bastion Social Marseille, qui n’est autre qu’un groupuscule néofasciste très violent, créé en 2017 et dissout en 2019. Autre fait qui resurgit du passé récent de l ’homme, en 2018 et alors qu’il n’a que 21 ans, il comparait devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour avoir « agressé deux personnes d’origine maghrébine », selon le journal La Provence dans son édition du 31 mai 2018. Il y a deux ans, lors des élections régionales, il a également soutenu la candidature d’Eric Zemmour.
Colomban, malgré le drame qui vient de le frapper, reste très actif dans les mouvements radicaux car, pas plus tard que le 10 aout dernier, il postait un message sur son profil Facebook en lien avec le mouvement intégriste Chrétienté-Solidarité dont il fait partie. Un passé lourd, des accointances radicales et racistes, le papa du petit garçon disparu relève d’un profil qui n’est pas banal pour ne pas l’évoquer même si rien aujourd’hui ne nous prouve le moindre lien entre la disparation d’Émile et les positions idéologiques de son père.