Conférence: « Défendons la liberté d’expression » – Soirée de solidarité avec Salman Rushdie à la Tricoterie

Ce samedi 11 février 2023 à 19h, aura lieu une soirée de grande envergure organisée par le Collectif Laïcité Yallah à la Tricoterie. Le thème ?  La liberté d’expression avec un hommage tout particulier à l’écrivain Salman Rushdie. 

Le 12 août 2022, Salman Rushdie, est victime d’une tentative d’assassinat au couteau alors qu’il est invité à une rencontre littéraire dans l’État de New York. Le romancier indo-britannique s’apprête à y prononcer une conférence lorsque son assassin surgit du public, le poignardant une quinzaine de fois au cou et à l’abdomen, exécutant, ainsi, la célèbre fatwa de l’ayatollah Khomeiny datant de 1989, le condamnant à mort pour son roman Les Versets sataniques.

Nous avons rencontré Djamila Benhabib, l’une des organisatrices de la soirée. Elle a accepté de répondre à quelques questions.

Pourquoi une soirée spéciale dédiée à Salman Rushdie ? 

Pour célébrer la liberté de dire et d’écrire sans lesquelles notre civilisation est vouée à glisser, jour après jour, vers le bas. Ne jamais céder à la barbarie. Voilà, un romancier condamné à mort en 1989 pour la publication d’un livre, Les Versets sataniques, qui n’a jamais renoncé à l’acte d’écrire. Bien au contraire, il est devenu un écrivain majeur de notre siècle se moquant des dogmes et des pouvoirs établis. C’est un exemple à suivre.

Surtout, après la tentative d’assassinat dont il a été victime le 12 août dernier à la suite de laquelle il a perdu l’usage d’un œil et d’une main. Comment ne pas établir un lien entre sa condition et celle de milliers d’Iraniens qui hurlent, à la face du monde depuis septembre dernier, leur désir de liberté et dont certains, très jeunes, ont perdu la vie.

Pensez-vous que la liberté d’expression est plus que jamais en danger ou le pire est-il derrière nous ? 

La liberté d’expression a de tout temps constitué un enjeu majeur en démocratie. Frapper la cité de censure c’est la plonger dans le silence et la condamner à l’inaction politique comme l’expliquait Hannah Arendt. Avec la parole nait la possibilité d’exister politiquement et d’exercer ce que nous avons de plus cher, notre raison, pour créer du lien les uns avec les autres et devenir des acteurs de notre destin, des citoyens.

Ce qui est nouveau depuis quelques années ce sont les différents pôles qui menacent la liberté d’expression : les extrémismes religieux bien entendu, les populismes (de gauche comme de droite), le complotisme, l’extrême droite, la mouvance wokiste, les différents milieux de la mafia, le monde des affaires,  sans oublier les États autoritaires et absolutistes. Ce qui est le plus interpellant dans ces nouvelles formes de censure c’est leur lieu de gestation.

Autrefois, l’université, par exemple, était un haut lieu de contestation des différents pouvoirs. Elle ne l’est plus en raison des courants de pensée identitaires, wokistes, provenant des États-Unis qui ont, malheureusement, contaminé une bonne partie de la jeunesse européenne essentiellement marquée à gauche et écologiste. En ce sens, c’est très préoccupant. Je ne suis guère optimisme s’agissant de la liberté d’expression. C’est un combat de chaque instant.

La brochette des conférenciers à la soirée est impressionnante, parlez-nous du choix qui a été le vôtre avant de lancer les invitations ?

Il y a des figures incontournables qui s’imposent de par leurs trajectoires intimement liées au combat pour la liberté d’expression, l’équipe de Charlie Hebdo, le journaliste turc Can Dündar condamné à l’exil en Allemagne, l’activiste Ensaf Haidar et à travers elle son époux Raif Badawi, toujours frappé d’une interdiction de sortie d’Arabie saoudite, le blogueur mauritanien, Cheikh Ould Mkheïtir, condamné à mort pour blasphème dans son pays en 2015.

Tout ceci ne pouvait se faire sans évoquer la condition des femmes afghanes et iraniennes à travers la journaliste Lailuma Sadid et la poétesse Mohtab Ghorbani. Le lourd tribut payé par les Algériens au début des années quatre-vingt-dix mérite aussi d’être évoqué à travers le romancier Boualem Sansal.

Le cas de la Tunisie est aussi intéressant à soulever à travers l’expérience de Faouzia Charfi, physicienne, ancienne Secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique au lendemain de la révolution de 2011.

La caricature et l’humour à travers Pierre Kroll, Sophia Aram et Coco, et finalement une table ronde à laquelle participe plusieurs belges dont la rectrice de l’ULB Annemie Schaus, le philosophe et écrivain, Daniel Salvator Schiffer et la journaliste, Marie-Cécile Royen, grand reporter et experte de l’islam politique. Bref, chacun de nos invités a un engagement exceptionnel et symbolise  à soulever.

Programme et réservation ici

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