En décembre 2020, le président français, Emmanuel Macron a révélé lors d’une interview sur BRUT, son intention de mettre à l’honneur entre 300 et 500 personnalités composantes de la diversité. Hommes et femmes issus des anciennes colonies, des territoires d’outremer ou de l’immigration. Le but de son initiative est de permettre notamment aux maires d’avoir une base de données avec des noms de personnalités qui pourraient servir au renouvèlement des noms de rues ou des institutions publiques.
C’est au printemps 2020, après la mort George Floyd, que le mouvement Black Lives Matter a conscientisé l’opinion sur l’importance d’une meilleure visibilité des minorités ethniques dans les métropoles occidentales. Ces questions s’étaient posées en Belgique avec la volonté, pour certains, de déboulonner les statues du Roi Léopold II, dont le règne africain a contraint de nombreux congolais et congolaises au travail forcé jusqu’en 1909, date de sa mort. Faut-il se débarrasser de ces symboles d’un passé raciste et colonialiste ? En France, la décision semble maintenant prise de plutôt mettre en oeuvre des moyens pour tenter de « regarder l’Histoire en face » en offrant la possibilité à des figures historiques issues de la diversité de prendre place dans l’espace public.
318 héros issus de la diversité
Un comité d’une vingtaine de personnalités, sous la houlette de Pascal Blanchard, historien, spécialiste du fait colonial et directeur de recherches au CNRS, a donc remis une liste à la présidence française avec les noms de 318 personnalités. Cette liste a été publiée sur le site du Huffington Post et certains regrettent déjà des écueils comme le manque de représentation féminine ( seuls 21 % sont des femmes, soit 67 sur les 318 ).
La France dans sa très grande diversité
Dans cette liste, des figures qui auront marqué leur temps dans les domaines les plus hétéroclites : des écrivains, des sportifs, des scientifiques, des militants, des avocats… et une place importante accordée à ceux qui se sont distingués pendant les périodes de guerre, notamment celle d’Algérie, de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale. On peut à titre d’exemple citer ici Ouassini Bouarfa, qui a été membre des commandos Kieffer, seule troupe française à avoir participé au débarquement en Normandie ou encore le tirailleur sénégalais Bakary Diallo, premier africain francophone à avoir témoigné de son expérience durant la Première Guerre mondiale.
Les héros du passé y côtoient ceux du présents comme des militaires morts en Afghanistan durant ces dix derniers années : Konrad Piotr Rygiel, Mohammed El Gharrafi, Christophe Barek-Deligny et Facrou Housseini, tous les quatre morts en “opex” (opérations militaires à l’étranger) en 2011.
Le comité a travaillé à la représentation la plus large possible ; de Azzedine Alaïa à Guy Béart, de Samuel Beckett à Yasmine Belmadi (un acteur français mort tragiquement à l’âge de 33 ans en 2009) en passant par Andrée Chedid, Coluche, Roland Garros, Raymond Kopa, Louis de Funès… La ministre déléguée française chargée de la Ville, Nadia Hai, présentera officiellement la liste dans les jours à venir. Une prochaine liste de personnalités vivantes, cette fois-ci, devrait être proposée dans les prochaines semaines.