Le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul pour la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences domestiques décidé par le Président islamiste Recep Tayyep Erdogan choque et suscite l’indignation (Voir notre article). Cette décision s’inscrit dans une longue liste de décisions qui éloigne et isole tous les jours un peu plus la Turquie de l’Europe et de l’Occident. De la transformation du musée de la basilique Sainte-Sophie en mosquée au chantage aux réfugiés en passant par la confrontation en mer Egée avec la Grèce, la liste des ruptures avec les Européens est déjà très longue.
Que peut bien expliquer ce revirement sur une convention non seulement signée à Istanbul mais que la Turquie avait été le premier Etat à ratifier en 2012 ? Il s’explique essentiellement par un contexte de surenchères idéologiques islamo-conservatrices qui dénoncent un « recul des valeurs familiales », une « promotion du divorce » et une « banalisation de l’homosexualité ». Dans un pays ou presqu’une femme sur deux âgée entre 15 et 60 ans a été victime de violences et où près d’un féminicide par jour est recensé selon le député d’opposition Sezgin Tanrikulu (CHP), l’incompréhension est d’autant plus grande. Cette stratégie de la tension est vivement contestée dans la rue par les organisations féministes et tous les courants laïcs et modernisateurs. En face, Erdogan ne cherche rien d’autre qu’à ressouder son électorat conservateur face à une impopularité grandissante.