Sur les plateformes de divertissement comme Netflix par exemple, dans les festivals de cinéma et de séries à travers le monde, sur les tapis rouges des grandes cérémonies, une constatation s’impose: la diversité est de plus en plus présente, affichée voire portée en étendard. Certains affirment qu’il s’agit ici d’une caresse dans le sens du poil, d’un politiquement correct reniflé au-delà des distances imposées par le courant dominant, d’autres affirment que ce n’est qu’à juste titre (enfin) la reconnaissance des talents issus des minorités ethniques qui jusqu’ici étaient ignorés voire méprisés.
Mais si légitimement, on peut se réjouir d’un César du meilleur espoir pour Jean-Pascal Zadi et Fathia Youssouf, un César du meilleur acteur pour Sami Bouajila et une présidence de cérémonie tenue par Roschdy Zem, d’autres (et même parfois au sein même de cette diversité) dénoncent ce qui pourrait devenir une reconnaissance de façade, une manière de coller à l’air du temps ou encore de pratiquer un « anti-racisme insupportable » comme l’évoquait récemment Rachel Khan.
Certes, l’effet de « mode » peut nuire au combat pour la reconnaissance et de la considération en profondeur des talents issus des minorités et c’est pour cela qu’il est sans doute inopportun de vouloir le freiner ou le remettre en question. Comme tout nouveau paradigme, il faut laisser le temps de l’ajustement. Rome ne s’est pas construite en un jour et ses églises gothiques côtoient ses cathédrales byzantines mais cela prit des siècles pour que cet équilibre soit obtenu. Plutôt que de jouer le jeu de ceux qui aujourd’hui se plaignent de ce qu’ils perçoivent à tort ou à raison comme un renversement de situation (et le débat aux USA joue certainement un rôle) il faut l’accompagner et l’inclure dans une démarche plus large et plus globale d’un nouveau modèle de société pluriculturelle qui s’impose et s’imposera à nous qu’on le veuille ou non.