Evocation : Andrée Geulen, grande résistante, nous a quitté le 31 mai dernier à l’âge de 100 ans

 

Le 31 mai dernier nous quittait à l’âge de 100 ans Andrée Geulen, grande figure belge de la résistance qui sauva des centaines d’enfants de la déportation et cela dès 1942.

Institutrice à Bruxelles, elle réalise le drame des juifs qui se joue lorsque certains de ses petits élèves arrivent un jour en classe affublés de l’étoile jaune. C’est ensuite en rencontrant une assistante sociale juive, Ida Sterno, qu’elle va entrer en activité de résistance. Son amie Ida qui est une  juive roumaine était arrivée en Belgique en 1916 pour étudier. Andrée et Ida partagent la même inquiétude pour le sort des enfants en général et celui des enfants juifs en danger de mort en particulier.

En mai 1943, les nazis décident de fouiller l’école Gatti de Gamond, à Bruxelles. Ils demandent aux enfants de faire deux files avec à gauche les enfants juifs. Douze petites filles et petits garçons placés dans la « mauvaise » file seront arrêtés et déportés, mais aussi  la directrice de l’établissement, Odile Ovart et son mari Rémi Ovart.

Ida ayant besoin d’une non-juive qui pourrait intégrer le CDJ, le Comité de Défense des Juifs, demande à Andrée d’intégrer le mouvement et l’histoire fera le reste.  Ida Sterno avec Yvonne Jospa et Maurice Heiber seront le fer de lance du plan de sauvetage des enfants juifs. « J’habitais au pensionnat Gatti de Gamond où j’étais entrée comme surveillante et donnais quelques cours. La directrice, Odile Henri, mère d’une de mes amies d’études, avait recueilli une douzaine d’enfants juifs. Elle recevait régulièrement la visite d’Ida Sterno qui m’a demandé de rejoindre leur groupe et d’aider à transporter les enfants. J’ai accepté immédiatement ».

Le CDJ est donc mis en place dès 1942. L’objectif du mouvement étant surtout de protéger les enfants juifs, en mettant en place différentes initiatives. Le CDJ était composé de trois groupes importants. Le premier s’activait à trouver des places pour les enfants juifs, comme dans des couvents ou dans des familles.  Le deuxième, dont Andrée Geulen était membre, s’occupait de récupérer les enfants dans leurs familles pour les conduire dans un lieu où ils seraient en sécurité. Le troisième se chargeait de noter les informations concernant les enfants, mais aussi de trouver l’argent nécessaire pour les opérations de sauvetage.

Entre le printemps 1943 et la libération de septembre 1944, Andrée soustrait plus de 300 enfants juifs aux nazis et à la déportation.

Un déchirement à chaque fois. Andrée Guelen l’a beaucoup évoquée lors de ses interviews, sa mission de récupérations des enfants dans leur famille était à chaque fois un déchirement. Les parents, conscients de la nécessité de l’acte, mais ne pouvant se résigner à la séparation, tout comme les enfants d’ailleurs.

Après la guerre, Andrée Geulen deviendra communiste.  Elle dira dans un entretien qu’en « s’engageant  dans la résistance un peu « sans réfléchir », c’était parce qu’on s’attaquait à des enfants et que cela lui était insupportable ».

Elle se mariera en 1948 avec Charles Herscovici, et ensemble ils auront deux filles.

Ses dernières années.

En 1989, Andrée est reconnue « Juste parmi les nations » puis en 2007,  elle reçoit la nationalité israélienne lors d’une cérémonie  à l’occasion d’une Réunion internationale des enfants cachés qui se tiendra à Jérusalem. Elle dira d’ailleurs à cette occasion : «  Ce que j’ai fait était mon simple devoir. Désobéir aux lois de l’époque était la chose normale à faire. »

En septembre 2021 elle est faite Citoyenne d’honneur de la Commune d’Ixelles

 

 

 

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