Sami Bouajila sacré meilleur acteur, Fathia Youssouf meilleur espoir féminin et Sofia Alaoui meilleure réalisatrice de court métrage, la diversité n’a pas été oubliée lors de la 46 cérémonie des César qui a eu lieu à l’Olympia. Sami Bouajila est né en mai 1966 en Isère, en France. Son père, peintre en bâtiment, est issu de l’immigration tunisienne. Sami a grandi dans la banlieue sud de Grenoble. Hier, il recevait des mains de Fanny Ardant, le césar du meilleur acteur pour son interprétation dans Un fils, réalisé par Mehdi Barsaoui.
Déjà lauréat d’un César du meilleur second rôle pour « Les témoins » et du Prix d’interprétation à Cannes pour « Indigènes » c’est une nouvelle consécration pour ce comédien qui a réussi à sortir des rôles de « beur » qu’on lui attribuait trop souvent au début de sa carrière. Les films d’auteurs lui réussissent particulièrement, répondant parfaitement à son jeu tout en sobriété. Il dira lui-même en recevant son Prix lors de la cérémonie : « J’ai souvent l’impression que les rôles nous choisissent, plus qu’on les choisit ».
Attiré très tôt par le métier d’acteur
Il intègre le Conservatoire Régional de Grenoble et le Centre dramatique de Saint-Etienne. Il joue Shakespeare, Marivaux ou encore Koltès au théâtre mais c’est sur grand écran qu’il est révélé au public avec des rôles très puissants. Il y gagne le respect du milieu du cinéma français très cloisonné. Rachid Bouchareb, en 2006, lui offre un rôle en or dans le film « Indigène » pour qui il reçoit avec Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem et Bernard Blancan le Prix collectif d’interprétation masculine. L’année suivante, il remporte le César du meilleur second rôle pour Les témoins d’André Téchiné. En septembre 2019 il remportait déjà le Prix de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise pour Un Fils. Il dira avec beaucoup de lucidité dans une interview : « Je ne me suis jamais senti dans la peau du beur de service. Ce sont des rôles qui font partie de moi. J’ai mis vingt ans à me défaire de toute étiquette, ce n’est pas pour en revendiquer une aujourd’hui », avait-il dit en 2011 pour la sortie d’Omar m’a tuer. « Je me défends de devenir le porte-parole d’une communauté : je suis d’abord un acteur ».
La cérémonie du César a également récompensé Fathia Youssouf, 14 ans, pour son rôle dans Mignonnes de Maïmouna Doucouré avec un césar du meilleur espoir féminin. Mignonnes, raconte l’histoire d’ Amy, une enfant de 11 ans issue d’une famille africaine traditionaliste. Au collège, elle rencontre un groupe de danseuses et fascinée par leur travail va tout faire pour intégrer la bande, y voyant là le meilleur moyen de quitter son quotidien dans une famille polygame sénégalaise.
Sofia Alaoui remporte le Prix du meilleur court métrage avec « Qu’importe si les bêtes meurent ». Son film est tourné en langue amazigh et narre l’histoire d’un jeune berger et de son père dans les hautes montagnes de l’Atlas. Sorti en 2019, le court métrage a déjà remporté le Grand Prix du jury du festival Sundance aux États-Unis. Il sera également présent à la cérémonie des Oscars en avril prochain.