Photos: ©AFP ©R.BST
Pas moins de 3.000 personnes ont manifesté ce samedi 15 mai, place de l’Albertine à Bruxelles, pour commémorer la Nakba, la « catastrophe » en arabe. Cet évènement marque le début de l’exode de centaine de milliers de Palestiniens lors de la création d’Israël en mai 1948. Ce rassemblement coïncidait avec la séquence de brutalité inouïe qui a frappé ces derniers jours les Palestiniens, faisant de ces violences un conflit qualifié par de nombreux observateurs comme plus sérieux que les événements de 2014.
Partout en Europe, des populations civiles se sont réunies à l’appel d’associations de solidarité pour manifester de manière pacifique afin de dénoncer les événements sanglants qui sévissent depuis le début du Ramadan 2021 et qui se sont amplifiés au cours des 10 derniers jours. La plupart des capitales européennes ont autorisé ces rassemblements, les autorités françaises les ont interdites en raison de «risques de troubles à l’ordre public». Si la droite et l’extrême droite se réjouissent de cette décision, la gauche et l’extrême gauche la dénoncent à l’instar de Jean-Luc Mélenchon qui a posté sur son compte Twitter le message suivant : « La France, seul pays au monde où sont interdites toutes les manifestations de soutien aux Palestiniens et de protestation contre le gouvernement d’extrême droite israélien ! C’est évidemment dans le seul but de provoquer des incidents et pouvoir stigmatiser cette cause ».
Les autorités françaises ont justifié leur refus en faisant appel au souvenir des manifestations de juillet 2014. Ce jour-là, 2000 personnes s’étaient rassemblées à Paris en soutien à la cause palestinienne. A l’époque, les manifestants avaient brulé des voitures et saccagé des vitrines de commerces. La manifestation avait été organisée pour dénoncer l’invasion de la Palestine par l’armée israélienne lors d’une intervention militaire qui avait duré 50 jours et avait fait 2 251 morts côté palestinien, en majorité des civils, et 74du côté israélien, presque tous des soldats.
Des rassemblements similaires ont eu lieu dans plusieurs villes occidentales et ont été parfois parsemées de propos ou d’actes antisémites.
En Belgique, l’ambassadeur d’Israël, Emmanuel Nahshon, a immédiatement réagi aux images de la manifestation qui ont circulé sur les réseaux sociaux en dénonçant des « cris de haine meurtrière (…) dans les rues de Bruxelles ». Dans plusieurs villes d’Amérique du Nord et d’Europe des incidents et des slogans au caractère ouvertement antisémite ont également été rapportés. L’ Union européenne appelle à la vigilance. Le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, s’est dit vendredi « très préoccupé » par les slogans et propos antisémitismes au sein de l’Union Européenne et demande aux Etats membres d’être vigilants. Il relève qu’il est : « Profondément préoccupé par les récentes attaques contre des communautés et des locaux juifs dans l’UE. Il s’agit de manifestations claires d’antisémitisme qui doivent être condamnées avec force », a-t-il posté sur son compte Twitter avant d’ajouter : « Nous sommes aux côtés de nos communautés juives et appelons nos États membres à rester vigilants pour leur sécurité ».
Parmi ses compétences comme vice-président de l’UE, Margaritis Schinas coordonne les travaux sur « l’inclusion et la construction d’une véritable Union d’égalité et de diversité » ainsi que « la lutte de la Commission contre l’antisémitisme ». A ce titre il tire la sonnette d’alarme sur « les manifestations d’hostilité envers les communautés juives en Allemagne, en Autriche, en Espagne et au Royaume-Uni ». Angela Merkel a réagi très vite et dit ne pas « tolérer des manifestations antisémites sur son sol », après des débordements lors de rassemblements propalestiniens. Quant à l’European Union of Jewish Students elle affirme que ce conflit à des conséquences pour les Juifs dans toute l’Europe, avec « une forte augmentation des incidents antisémites ».