Qui est Ali Kemal, l’arrière-grand-père ottoman du premier ministre sortant Boris Johnson ?

Qui est Ali Kemal, l’arrière-grand-père ottoman du Premier ministre sortant Boris Johnson ?

Peu de gens le savent, mais le folklorique ex-maire de Londres et Premier ministre sortant du Royaume-Uni est le descendant d’un grand homme politique turc, Ali Kemal, qui fut ministre de l’Intérieur sous l’Empire ottoman.

Et oui, la politique c’est parfois une affaire d’ADN. Alexander Boris de Pfeffel Johnson, né le 19 juin 1964 à New York, aura, à peu de choses près, le même parcours que son arrière-grand-père : journaliste puis ministre. L’aïeul, dans la Turquie de l’Empire ottoman et son descendant dans le Royaume-Uni post Brexit.

Si Ali Kemal fut lynché par des partisans pro Atatürk, Boris Johnson sera lâché par son parti pour les cinquante-sept démissions des membres de son gouvernement début de cet été. L’Histoire se répète étrangement, car, si Ali Kemal est irrémédiablement mort en homme politique, l’homme politique Boris Johnson sera lui définitivement mort pour avoir multiplié frasques et scandales.

Deux pays aussi, une Turquie qui espère rejoindre l’Union européenne et une Grande-Bretagne qui se hâte de la quitter.

 

« Le petit-fils d’un Ottoman devient Premier ministre ! »

Au lendemain de son arrivée au 10 Downing Street, le 24 juillet 2019, le président Erdogan imaginait là une opportunité inespérée de relations privilégiées avec la Grande-Bretagne, mais c’est mal connaitre l’intrépide Boris qui traita le dirigeant turc de « Formidable branleur » dans un poème écrit en 2016 (faut-il rappeler qu’Ali Kemal était lui-même écrivain et poète ? ).

Pour l’origine géographique de la famille, c’est à Kalfa, une région de Cankiri, au nord de l’Anatolie, qu’une partie de la lignée de Boris Johnson est originaire.  Mustafa Bal, un habitant de Kalfat, a confié à l’agence de presse turque Demirören : « Chez nous, ses ancêtres sont appelés les blonds ». La blondeur de Boris Johnson serait donc le fruit de ses origines turques et pas nécessairement britanniques, comme on pourrait le croire.

En 2016, alors qu’il est secrétaire d’État aux Affaires étrangères, il «rentre» au pays où il sera reçu en grande pompe. Pour le quotidien turc Sözcü, un journal lancé il y a 15 ans en Turquie et qui défend l’héritage d’Atatürk « Boris est l’arrière-petit-fils d’un traître ».  Mais qui est donc Ali Kemal ?

Collabo pour certains, héros pour d’autres.

Ali Kemal reste dans la mémoire collective turque comme celui qui s’est opposé aux combats menés par Atatürk pour libérer la Turquie et en faire un pays en phase avec la modernité. Alors que les Jeunes Turcs, (nom donné au mouvement politique connu sous le nom de Comité Union et Progrès)  consolidaient leur pouvoir dans un empire au bord de l’explosion, Ali Kemal, marié à une Anglaise, part pour la Grande-Bretagne. C’est là que naitra Osman Wilfred Kemal, le grand-père de Boris Johnson.

De retour à Istanbul en 1912…

Ali Kemal continuera à exprimer son hostilité au pouvoir d’Atatürk. D’ailleurs, il dénoncera le génocide des Arméniens et sera en faveur d’un protectorat britannique pour la Turquie de ce début du siècle. En novembre 1922, une foule commanditée  par le général Noureddine Pacha (homme très pieux et pro-voile) le fait kidnapper. Ali sera alors lynché à mort avant que son corps ne soit suspendu à un arbre. L’histoire retiendra de lui qu’il a collaboré de façon étroite avec les puissances coloniales de l’époque comme la  France ou la Grande-Bretagne, mais aussi avec l’Italie et la Grèce. Peu aimé, car symbole d’une époque que la Turquie moderne exergue, juste quelques personnes lui rendront réellement hommage.

Un certain Garo Paylan, député du Parti de la démocratie des peuples (prokurde) dira de lui : « Ali Kemal voulait que les responsables des crimes commis lors de la chute de l’Empire ottoman rendent des comptes. S’il avait réussi, la culture du génocide, du lynchage, des putschs aurait peut-être disparu».

Retenons tout de même ce point commun troublant entre l’arrière-grand-père et son arrière-petit-fils : La sortie peu glorieuse du monde politique et des personnalités qui cliveront plus qu’elles ne fédèreront.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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