
« Les seins, c’est l’histoire de l’humanité. Mais la récurrence accable. Pourquoi tant de victimes du cancer ? Et comment en parler ? Le théâtre et la poésie nous aident à le mettre à bonne distance».
Voici les premiers mots qui ouvrent la présentation de la pièce « Le Vif du Sujet » que propose le théâtre Le Public à Saint-Josse du 2 septembre au 24 octobre 2023.
Le cancer, cette maladie qui aura emporté tant de nos êtres aimés reste une maladie qu’il est difficile de cerner et difficile d’évoquer. Ses causes, ses mutations, ses conséquences sont une hydre à sept têtes et chaque malade doit la combattre avec les armes dont il dispose et la force que son histoire personnelle lui insuffle.
« Le Vif du Sujet » est une pièce écrite par Laurence Bastin après avoir mené plusieurs interviews pendant des mois auprès de femmes et d’hommes touchés par la maladie. L’actrice (Laurence d’Amélio, Premier prix de Conservatoire en 1991) incarnera les différentes étapes que vit celui atteint par cette maladie encore et toujours l’un des plus grands tabous de notre société.
Le texte revisite l’enfance : « de ses relations amoureuses ou avec la médecine, en passant par le regard et les injonctions de la société ». Laurence Bastin s’attache à créer des ponts, car : « de près ou de loin, nous sommes tous reliés et nous sommes concernés ».
Le cancer n’est pas qu’une maladie dont l’issue reste incertaine, le cancer n’est pas une crise cardiaque ou un AVC qui surgit à visage découvert. Le cancer est un triste compagnon qui nait, grandit et s’épanouit dans l’ombre de la chaire est il reste tapi tant qu’il le désire et aussi longtemps qu’il le désire. «Je rentre à la maison, la tête pleine de brouillard, mon agenda plein de rendez-vous. Je prends un bain. Devant le miroir je regarde mes seins».
Maladie qui vous révèle, plus que pour n’importe quelle autre, que tout a un commencement et tout a une fin. Le cancer joue, recule ou avance, décide au gré de la volonté de ses métastases. Entre les yeux du personnage, cette image inaccessible « je rêve de femmes nues, debout sur des barricades, le poing en l’air ». Laurence Bastin porte au pinacle la résilience « comme contrepoint à la résignation, dans l’encre de la joie pour aborder la reconstruction ».
Apprendre à vivre avec un nouveau corps, celui que la maladie a façonné, celui que la maladie a bien voulu nous laisser.
Le texte de Laurence Bastin est fort, puissant, intransigeant. Il est mis en scène par Patricia Ide, directrice et fondatrice du théâtre Le Public.