Au Soudan, la faim ne finit pas de tuer

Il y a des pays au monde où avoir faim et en mourir fait partie de la vie de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Il y la faim, mère de la fringale qui ponctue nos vies d’occidentaux, et il y a la faim qui vous fait connaitre un vide intérieur si douloureux, qu’il vous fait perdre le lien à la vie pour vous faire toucher la mort.

En Afrique, en Asie, dans certaines régions d’Amérique latine, la misère se compte en dizaines de millions et ce chiffre, abstrait, à défaut de nous faire chavirer, par arrogance ou par habitude, nous interroge. Comment est-il possible, en 2023, que des êtres humains puissent mourir par manque de nourriture ? Nos poubelles, parfois mieux garnies que nos frigos, ne nous offrent aucune perspective, même minime, de ce que peut être la faim, la vrai.

Dans un camp de déplacés soudanais, une jeune femme de 34 ans, Ansaf Omar, pleure depuis un mois son fils d’un an et demi, mort de faim. Il n’est pas le seul. Des centaines meurent dans les camps à la naissance ou âgés d’à peine quelques mois. Ansaf, la jeune maman, ne pouvait pas allaiter son enfant, car elle-même est en sous-nutrition. « Je l’ai emmené partout, dans les hôpitaux, dans les dispensaires, mais il a fini par mourir », raconte à nos confrères de l’AFP la mère du bébé.

Ce camp de misère existe depuis le début de la guerre au Darfour en 2003. Situé en périphérie de Nyala, le chef-lieu du Darfour-Sud. Terre aride, sèche, souffrant d’un conflit sans fin, les conséquences de la famine sont extrêmes, comme au Tchad, pays frontalier l’est aussi. Le drame est que dans ce pays, parmi les plus pauvres au monde, la famine est en constante progression avec un chiffre qui serait de  15 millions sur les 45 millions d’habitants.

L’Organisation des Nations Unies affirme que trois millions d’enfants de moins de cinq ans souffriraient de grave malnutrition. Parmi eux, « plus de 100.000 enfants risquent de mourir de faim s’ils ne sont pas pris en charge« , alerte  Leni Kinzli, responsable de la communication du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan. Toujours selon les observations de l’ONU « Tous les enfants du Soudan ne sont pas en danger de mort, mais un tiers des moins de cinq ans sont en dessous de la taille moyenne à cet âge » »

120.000 déplacés vivent dans le camp de Kalma

Un endroit misérable qui semble avoir toujours existé, mais qui s’est encore agrandi l’année dernière après le putsch militaire d’octobre 2021 qui a mis fin à  l’aide internationale. En 2022, il y a eu « une augmentation massive des admissions et des demandes de services de nutrition d’urgence » à Kalma, rapporte à l’Agence France Presse la directrice des opérations d’Alight au Soudan, Heidi Diedrich. Elle révèle ainsi que L’ONG pour laquelle elle travaille a accueilli « 863 nouveaux enfants, soit 71% de plus qu’en 2021 et la hausse des inscrits a été couplée d’une hausse des décès: 231% de plus en 2022, tous des enfants de plus de six mois ».

Toujours selon nos confrères de l’AFP qui ont pu rencontrer une maman vivant dans le camp à Kalma, Hawa Souleimane, 38 ans, espère chaque jour avoir de quoi nourrir son bébé. « Chez nous, on n’a rien du tout, on se couche souvent le ventre vide », confie-t-elle.

Mme Kinzli dira avec dépit : « Les humanitaires sont désormais pris dans « une situation intenable où il faut choisir qui on aide, poursuit-elle. c’est un déchirement ». 

Le paradoxe, comme il en existe tant ailleurs, reste les ressources naturelles considérables de ce pays que la dictature, les luttes des clans et la guerre confisquent à sa population en souffrance et en danger de mort perpétuel.

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