Driss el-Yazami, invité du Forum académique belgo-marocain des 8 et 9 février au Musée Royal d’Art et d’Histoire.

Driss El Yazami fera partie du panel des intervenants lors du Forum académique belgo-marocain qui se tiendra les 8 et 9 février prochains au Musée Royal d’Art et d’Histoire à Bruxelles par le consortium DIMOBEL (Digital Moroccan Belgian Entrpeneurship Lab). Officier de la Légion d’honneur de la République française, délivrée aux personnalités étrangères, il a également était décoré du titre d’Officier de l’Ordre de Léopold, qui reste la plus haute distinction de Belgique. C’est en tant que Président du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger qu’il prendra la parole lors de ce Forum.

Posé, calme et distingué, Driss El Yazami nous a accordé un entretien en visioconférence depuis sa résidence au Maroc. Pour nous, il est revenu sur les grandes étapes de sa vie, mais aussi sur les années difficiles qu’il a connu durant la période des années 1970 et 1980.

Né à Fès, Driss El Yazami se définit comme issu de la première génération post-indépendance qui a bénéficié de l’école publique marocaine.

Issu une famille modeste, l’école fut pour lui un formidable tremplin, « mes parents faisaient la queue pour pouvoir m’inscrire dans l’une de ces écoles » A l’époque, les enseignants venaient d’un peu partout : de Grande-Bretagne, des États-Unis, de France… La culture était aussi un vecteur d’émancipation « On fréquentait les instituts culturels de Fès comme le British Council, le Centre américain, l’Institut français, le Centre culturel égyptien à El Batha, mais aussi les ciné-clubs ».

La fin des années 1960 est une période de bouillonnement. Par la lecture et la fréquentation des centres culturels, Driss El Yazami prend conscience que la société est en mutation profonde. Mai 68 est un train qu’il faut prendre en marche pour accéder à la la modernisation des idées.

Dans les années 1970, grâce à la revue Souffles dont un des collaborateurs n’est autre que Bernard Jakobiak, grand poète français, c’est une nouvelle révélation du progrès des idées : « À Fès nous bénéficions d’une bibliothèque municipale en plus de celle que nous avions dans notre lycée, le Lycée Moulay Idriss, le plus ancien du Maroc. »

Attaché à la condition des travailleurs immigrés à l’étranger, c’est très tôt, dès les années 1970, que Driss El Yazami met en place des initiatives pour dénoncer les injustices et les difficultés dont ils sont victimes : « en septembre 1973, un évènement marquant dans l’histoire de la politique française et dans son histoire sociale est l’organisation d’une grève générale du travail pendant 24 h. À Partie de Marseille, la grève va gagner toute la France. À l’époque, nous avions un mouvement qui s’appelait le Mouvement des Travailleurs arabes et c’est lui qui sera à la base de cette grève et non pas des syndicats qui, d’ailleurs, prendront très mal le fait que nous nous passions d’eux ».

Le racisme, les discriminations, la question palestinienne seront également au cœur des combats du MTA qui sera fondé en 1972 par des travailleurs immigrés maghrébins, mais aussi des étudiants originaires du Maghreb qui avaient, avant cela, fondé le Comité Palestine « après la défaite arabe de juin 1967 comme soutien au peuple palestinien ».

Driss El Yazami se bat également pour que des pouvoirs démocratiques émergent dans les pays du Maghreb «à l’époque les régimes du Maghreb étaient des régimes très autoritaires avec beaucoup de détenus dans les prisons. Nous organisions alors des manifestations, des meetings, des pétitions pour faire libérer les détenus dans leurs pays d’origine». C’est aussi à cette époque-là que la question des Droits de l’Homme devient importante pour lui « nous commençons à travailler avec Amnesty International et à nous intéresser aux textes qui régissent les Droits de l’Homme ».

En juin 1975, Driss sera interpellé par les autorités françaises et expulsé au Maroc pour « atteinte à l’ordre public ». Depuis 1939, les étrangers sont interdits du droit d’association par les autorités françaises, il enfreignait là une règle qui justifiera son expulsion du sol français. C’est François Mitterrand, élu en 1981, qui abrogera cette loi.

Président du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger.

Entre 2004 et 2006 a vu le jour une commission «vérité et réconciliation» sur les violations des droits de l’homme pendant le règne de Hassan II. Driss El Yazami, membre de la commission, participera à la rédaction du rapport final. Les membres en conclurent, entre autres choses, que les travailleurs marocains à l’étranger avaient également été touchés par des violations des droits de l’homme. « On leur interdisait à distance de faire de la politique ou d’être membre d’un syndicat par exemple » Les Marocains immigrés qui enfreignaient cette règle étaient alors inquiétés et parfois arrêtés à leur retour au pays.

« Il y avait également une organisation du nom de l’amicale des travailleurs marocains, crée par les autorités marocaines, qui encadrait les Marocains de l’étranger, mais de manière autoritaire, c’était un appareil de surveillance ». Le rapport final exhortera à une réparation collective en préconisant un travail sur la mémoire en créant un organe qui prendre le nom de Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger. Le CCME sera le fruit d’un décret royal en novembre 2007.

Driss El Yazami qui est également Secrétaire général de la ligue française des droits de l’homme et vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH)représentera le CCME lors de sa venue en Belgique les 8 et 9 février prochain et sera invité à réagir aux débats comme grand témoin.

Inscription
https://60ans.eventbrite.be

 

 

 

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