Les Iraniennes pourront assister aux matchs du championnat de football masculin dès le mois d’août prochain. C’est le Président de la Fédération iranienne de football qui l’annonce: les femmes seront désormais les bienvenues, après en avoir été longtemps interdites sauf à de rares exceptions.
C’est évidemment une bonne nouvelle à quelques semaines de la commémoration du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini le 16 septembre prochain. Pour rappel, cette jeune Kurde iranienne avait été arrêtée par la police des mœurs pour ne pas avoir porté une tenue en adéquation avec les normes sociales iraniennes. Ce drame avait déclenché des manifestations dans tout le pays et elles s’étaient poursuivies pendant des mois faisant des centaines de victimes et des milliers d’arrestations.
L’Iran reste l’un des pays au monde les plus inégalitaires en termes de droit des femmes. On peut évoquer ce précepte moyenâgeux qui affirme que « devant les tribunaux, la vie d’une femme est moins importante que celle d’un homme » ou encore que son témoignage dans une affaire pénale n’a de validité que s’il est corroboré par celui d’un homme.
En mai dernier, selon un article publié par BBC News, les autorités iraniennes ont annoncé que de nouvelles méthodes pour imposer le hijab allaient être exploitées : des caméras intelligentes allaient être utilisées « afin de traquer les conductrices qui enfreignent les règles ». Selon Ahmadreza Radan, chef de la police iranienne « à partir du samedi 15 avril 2023, les personnes qui enlèvent leur voile seront identifiées par une technologie intelligente« , avant de poursuivre que« Les personnes qui ne portent pas le hijab exigé recevront un avertissement avant que leur dossier ne soit transmis aux tribunaux pénaux en vue de poursuites ».
Le sport vecteur d’émancipation ?
Il y a quelques jours, l’équipe brésilienne de football féminin est arrivée à la Coupe du monde, qui se tient en Australie et en Nouvelle-Zélande, arrivée à destination a bord d’un avion portant un message engagé qui affirmait, en majuscule qu’aucune femme ne devrait être contrainte de se couvrir la tête. Les visages de Mahsa Amini et d’Amir Nasr-Azadani, y étaient apposés à titre d’illustration.
Si aujourd’hui cette nouvelle de l’ouverture des stades aux femmes est bien accueillie par celles qui aiment le football, cela ne résout pas le problème des droits des femmes en termes de mariages, de divorces ou d’emplois.
Mehdi Taj, Président de la Fédération de Football de la République islamique, a annoncé que certains stades, notamment des villes d’Ispahan, de Kerman (centre) et d’Ahvaz (ouest), étaient « prêts » à accueillir des spectatrices pendant les matchs. Mais il n’a rien confirmé concernant les stades de la capitale pour le moment.
En août 2022, les femmes avaient été autorisées exceptionnellement à assister à un match du championnat de football à Téhéran, c’était donc jusqu’ici des permissions ponctuelles comme celle en octobre 2019 lorsque 4.000 Iraniennes avaient pu assister au match de qualification de l’Iran pour la Coupe du monde 2022. C’était un match contre le Cambodge au stade Azadi de Téhéran, la première fois depuis la Révolution de 1979.
Quelque temps avant cela, la FIFA avait insisté auprès des autorités iraniennes pour que les femmes puissent avoir accès aux stades sans restriction après la mort de Sahar Khodayari, une jeune femme qui s’était immolée par le feu devant un tribunal par peur d’être emprisonnée pour avoir voulu assister à un match alors qu’elle avait tenté d’entrer dans un stade en se faisant passer pour un homme.
Sa mort avait bouleversé les Iraniens et certains avaient même appelé à boycotter l’Iran lors des rencontres internationales.
Les religieux, qui jouent un rôle majeur dans la prise de décision en Iran, affirment que les femmes doivent éviter de se retrouver dans une atmosphère masculine et voir des hommes en tenue de sport, vêtus d’un short. À partir de ce mois d’août 2023, les restrictions seront levées.