Mamans solos, les abandonnées du système

Les chiffres sont interpellants, les personnes seules et les familles monoparentales représentent 45% des ménages belges. Autant dire qu’un enfant sur deux vit avec l’un de ses parents exclusivement ou en garde alternée. Dans le cas du parent exclusif, ce sont souvent les mamans qui se voient abandonnées avec l’enfant et dans l’obligation de se battre pour joindre les deux bouts. 

La précarité touche sans distinction les hommes et les femmes, mais une maman solo connait des difficultés plus grandes pour diverses raisons. Carrière interrompue ou à l’arrêt, salaire bas,…. Selon le rapport établi par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes en 2021, l’écart s’élève à 9,2% en défaveur des femmes. Il correspond à 23,1% du salaire annuel.

Maman solo, deux mots qui renvoient donc à une terrible réalité de notre époque. Si certaines le vivent  bien et sont épanouies, d’autres, trop nombreuses, assument de multiples rôles, combinant les responsabilités parentales, professionnelles, personnelles…  Tout cela se fait avec d’incommensurables sacrifices qui peuvent les mener parfois au burn-out ou à la dépression.

Par définition, les mamans solos assument toutes les responsabilités liées à l’éducation, y compris la charge financière, sans répit ni moment pour elles.

Fatigue et stress, vie sociale et responsabilité parentale qui offrent parfois le sentiment qu’il n’y a aucune issue. En l’absence d’un partenaire, certaines mères célibataires se retrouvent dans une grande précarité, même si parfois elles ont un emploi. Elles font face à des pressions financières conséquentes liées aux coûts de l’éducation, mais aussi, avec l’inflation que nous connaissons, à des difficultés alimentaires, difficultés à payer les factures de gaz, d’électricité ou encore du loyer.

Une maman courage…

Pour illustrer les difficultés que nous venons d’évoquer, DiverCite.be a rencontré Lila Jibran (nom d’emprunt). Mère de trois enfants, cette jeune femme résiliente a connu une descente aux enfers progressive alors que rien ne pouvait la destiner à plonger dans les abysses de la précarité. Fonctionnaire depuis 22 ans, elle a connu des difficultés qui ont mis en lumière les failles du système face à la réalité des mamans solos.

L’histoire de Lila commence comme un conte de fées, avec une rencontre passionnée et l’espoir d’une vie meilleure. Cependant, l’homme qu’elle épouse arrive avec un lourd fardeau financier, dissimulé derrière un sourire charmant. Les huissiers frappent à la porte, révélant des dettes astronomiques, notamment une pension alimentaire impayée et des créances diverses. Malgré son travail à temps plein, Lila se retrouve piégée dans une spirale de précarité.

Des saisies sur salaire et des dettes non payées s’accumulent, mettant en péril la stabilité de sa famille. Les amendes non réglées et les courriers en néerlandais, langue qu’elle ne maîtrise pas, s’ajoutent au fardeau financier. Le récit prend un tournant tragique lorsque Lila découvre l’infidélité de son mari alors qu’elle est enceinte de leur deuxième enfant. La violence conjugale s’installe laissant Lila sans autre choix que de fuir avec ses enfants, se retrouvant à dormir dans sa voiture. Le divorce lui apporte une pension alimentaire, mais les obstacles financiers demeurent.

Lila devient une militante acharnée, dénonçant l’injustice systémique face aux mamans solos. Suite à la victoire de la mobilisation pour faire sauter le plafond du Secal (Service des Créances Alimentaires) Lila décide de créer l’association « Le Relais Maman Solo » pour venir en aide aux mères isolées, victimes de violences économiques, physiques, etc.

Elle met un point d’honneur à dénoncer les failles du système, travaillant en priorité le bien-être des enfants et des mamans. Derrière chaque femme pauvre se trouve un enfant pauvre, souvent oublié dans ces conflits. Lorsque l’on parle de divorce et de mère, il s’agit aussi d’enfants.

Aujourd’hui, le cri d’alarme de Lila Jibran résonne au-delà de son histoire personnelle, appelant à une action concrète pour changer le destin de nombreuses femmes dans des situations similaires. Cet appel à l’action est un appel à la solidarité envers ces mamans solos, à la compréhension des défis qu’elles affrontent au quotidien et à la nécessité d’une réforme profonde pour un système plus équitable.

 

 

Le 1er décembre une soirée sera organisée avec pour thématique  le surendettement. L’objectif est de mettre en lumière les défis auxquels font face les mères isolées et celles livrées à elles-mêmes après des violences conjugales. Des experts partageront des solutions et des conseils pour briser le cycle. Les bénéfices participeront à alléger le fardeau d’une famille surendettée, avec une attention particulière aux premières victimes souvent oubliées : les enfants.  Toutes les infos ci-dessous.

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