Quand des policiers bruxellois sèment la honte et le discrédit sur leur institution

Le 14 mai dernier, nous donnions la parole à Phillipe Engels et Thomas Haulotte dans le cadre de la parution de livre « Sale Flic » aux éditions Kennes. L’entretien que nous avions mené avec eux nous avait plongé dans l’univers de la police belge où, au-delà du fait que la majorité des policiers fait un travail remarquable, ils nous affirmaient aussi que « la police belge était déboussolée et contaminée de l’intérieur par les dérives racistes et violentes ».

La semaine dernière, l’actualité s’est calquée aux dires des deux journalistes lorsque des policiers, sous l’emprise de l’alcool, se sont retrouvés au milieu d’une bagarre avec des jeunes bruxellois âgés entre 14 et 16 ans en sortie scolaire dans la région namuroise.

Les faits : des agents de police de la zone de Bruxelles-Ouest (composée des communes de Molenbeek, Berchem, Ganshoren, Jette et Koekelberg) sont dans la campagne wallonne et champêtre, aux bords de la Lesse, dans un environnement particulièrement apaisant. Le lieu les change radicalement du brouhaha de leur lieu de travail, l’une des zones les plus bruyantes et denses de la capitale. Ils sont en team-building et pour ceux qui en ignorent l’objectif, cela consiste à sortir les membres du personnel d’une société, de leur environnement habituel pour renforcer la cohésion du groupe avec des activités collectives souvent ludiques et joyeuses.

Joyeuses, justement, et comment ajouter un cran à la gaieté si ce n’est en trinquant ensemble à la santé de la journée de « construction d’équipe » ? Le problème est que l’alcool a été consommé plus que de manière raisonnable. Et comme le dit le proverbe flamand, quand l’alcool est dans l’homme – et en l’occurence aussi la femme -, la sagesse reste dans la bouteille. A cette heure de la journée, d’ailleurs, et vu l’état d’ébriété des agents, les activités sensées favoriser la cohésion ont surtout excité les esprits.

Cette brigade d’intervention est déjà connue pour avoir enfreint  les règles Covid au moment de la pandémie, en organisant pendant le réveillon de Noël 2020, dans le commissariat de Molenbeek, une  « raclette party ».  Depuis, un surnom leur était affublé: la « brigade raclette ». On comprend rapidement qu’on aime jouer avec les limites de la légalité dans la brigade de police de la zone ouest de Bruxelles.

Derniers faits en date…

Le 1er juin dernier, les policiers, une quinzaine, se retrouvent au même endroit que des élèves en sortie scolaire. Ils viennent de l’athénée royal Serge Creuz situé à … Molenbeek-Saint-Jean, justement ! L’information est rapportée par les éditions du groupe SudPresse.

Les policiers avaient bu depuis le matin, ils étaient tous bourrés et, le problème, c’est que c’est vraisemblablement cela qui a tout déclenché lorsqu’ils ont croisé un groupe d’une quarantaine de jeunes Bruxellois âgés de 14 à 16 ans”, raconte un témoin rencontré par un journaliste de Sudpresse. Bilan : des policiers blessés, dont 4 graves, l’un d’entre eux a la mâchoire brisée après avoir reçu un violent coup de pagaie, un nez cassé, des côtes cassées, un tympan perforé, un tendon de la main déchiré… Issus de la même commune, les ados auraient reconnu les policiers et certains se sont mis à charrier certaines policières d’où le coup de sang des collègues masculins.

Soit, au-delà des faits graves de ces manquements graves à la déontologie policière et aussi probablement à la loi – l’enquête devrait le dire-, la question qui se pose est la suivante: cesse-t-on d’incarner l’autorité lorsque 120 km vous sépare du lieu où s’exerce habituellement cette autorité ? Autrement dit, est-on toujours policier, avec ce que cela implique en termes de déontologie et de posture morale lorsqu’on quitte l’habit et range son arme, lorsqu’on s’éloigne de son commissariat ?

L’affaire qui remonte au 1er juin dernier vient juste d’être révélée avec la volonté de la police de la balayer sous le tapis d’après un contact de nos confrères de Sudpresse. Omerta, silence comme règle de conduite, le journaliste Philippe Engels nous avouait dans un entretien que « la police belge est gravement malade et elle fait mine de ne pas le savoir. » Cette affaire devrait servir de catalyseur, un de plus, à une vraie remise en question de l’autorité policière telle qu’elle existe aujourd’hui. Nous avons tous besoin d’une police démocratique au dessus de tout soupçon.

 

 

 

N'hésitez pas à partager !

Laisser un commentaire

Qu’elle s’affirme fièrement, qu’elle choque, crispe ou divise, la diversité est une réalité incontournable de nos sociétés. Elle trame nos régions, villes et quartiers et donne à voir un monde où les mobilités humaines se sont intensifiées. Divercite.be est un média belge francophone qui est né pour répondre au besoin de décrypter et d’analyser ces nouvelles réalités. Sa ligne éditoriale est entièrement et exclusivement consacrée à la diversité culturelle, ethnique, cultuelle ou de genre. Nouveau dans le paysage médiatique numérique, nous avons besoin de vous pour aller plus loin dans le travail que nous menons.
Soutenez-nous en vous abonnant ! S’abonner, c’est permettre à un nouveau journalisme d’enrichir le débat public par une vision aussi objective et sans concession, qu’humaine et proche de chacun. Divercite.be ne court pas après le buzz mais relaye l’actualité telle qu’elle est, sans parti pris.
Abonnez-vous à partir de 5 euros par mois ou 59 euros par an. Vous avez aussi la possibilité de découvrir uniquement les articles qui vous intéressent pour 1 euro.
Qu’elle s’affirme fièrement, qu’elle choque, crispe ou divise, la diversité est une réalité incontournable de nos sociétés. Elle trame nos régions, villes et quartiers et donne à voir un monde où les mobilités humaines se sont intensifiées. Divercite.be est un média belge francophone qui est né pour répondre au besoin de décrypter et d’analyser ces nouvelles réalités. Sa ligne éditoriale est entièrement et exclusivement consacrée à la diversité culturelle, ethnique, cultuelle ou de genre. Nouveau dans le paysage médiatique numérique, nous avons besoin de vous pour aller plus loin dans le travail que nous menons.
Soutenez-nous en vous abonnant ! S’abonner, c’est permettre à un nouveau journalisme d’enrichir le débat public par une vision aussi objective et sans concession, qu’humaine et proche de chacun. Divercite.be ne court pas après le buzz mais relaye l’actualité telle qu’elle est, sans parti pris.
Abonnez-vous à partir de 5 euros par mois ou 59 euros par an. Vous avez aussi la possibilité de découvrir uniquement les articles qui vous intéressent pour 1 euro.
 
 

JE SUIS DÉJÀ ABONNÉ