Altay Manco, directeur scientifique de l’IRFAM, sera présent au Forum académique belgo-marocain des 8 et 9 février prochains

Nous avons rencontré Altay Manco, docteur en psychologie sociale de l’Université de Liège et directeur scientifique de l’IRFAM. Il fera partie des intervenants lors du Forum académique belgo-marocain qui se tiendra les 8 et 9 février prochains. Organisé par DIMOBEL (Digital Moroccan Belgian Entrepreneurship Lab) c’est un évènement qui rendra hommage aux 60 ans de présence marocaine en Belgique suite aux accords de main d’oeuvre passés entre la Belgique et le Maroc le 17 février 1964. Le Forum se tiendra au Musée Royal d’art et d’Histoire à Bruxelles (Parc du Cinquantenaire). Pour l’occasion, plus d’une quarantaine d’orateurs, dont une vingtaine venus du Maroc, seront présents pour contribuer aux débats.

Altay Manço est un enseignant et chercheur d’origine turque qui travaille depuis de nombreuses années dans  les domaines de la psychopédagogie, de l’intégration sociale et de la psychosociologie de l’immigration. Il est également très actif  auprès de nombreuses institutions et associations en Belgique mais aussi à l’étranger.

Né avec un frère jumeau à Liège, c’est très jeunes qu’ils repartent en Turquie avec leurs parents, à Istanbul, plus précisément, pour ne revenir en Belgique qu’à l’âge de 12 ans. Altay aime à dire : « nous ne sommes ni de la première ni de la 2e génération de l’immigration ou peut-être les deux à la fois». Après des études primaires en Turquie, intégrer le secondaire en Belgique n’a pas été chose aisée, mais les deux frères tiennent bon. Ils intégreront tous les deux l’université avec une belle réussite.

Avant de choisir la psychologie, Altay se rêvait romancier ou journaliste de l’écrit « c’est pour ça que j’avais commencé par étudier la philosophie, mais j’ai finalement trouvé ça trop poussiéreux. Déjà en secondaire j’écrivais des tas de choses comme des nouvelles par exemple ».

Un coup de fil de la commune de Visé changera sa vie. Alors qu’il est encore étudiant, on lui demande de venir aider des enfants qui connaissent de grandes difficultés scolaires dans une école. Son choix de faire des études en psychologie s’orientera alors vers la spécialisation de la psychologie des travailleurs, domaine encore peu exploré il y a 30 ou 40 ans. Anthropologie, psychologie, sciences de l’éducation seront pour Altay Manço les disciplines qui le formeront à son futur métier. Homme de terrain, il est parmi les premiers à faire de la médiation et à exercer la fonction d’éducateur en école de devoirs. Altay s’est ainsi impliqué avec des enfants du primaire et de la maternelle, travaillant aussi avec les parents de bébés au sein de l’ONE.

 L’intégration doit être l’action de la communauté dans son ensemble et non le fait d’individualité.

Altay revient sur ses observations et notamment sur le sujet de sa thèse qui avait pour thème les Turcs de Cheratte (commune industrielle du Grand Liège). Il remarque ainsi le pouvoir de la communauté qui agit «en centrifugeuse», qui concentre les populations, mais qui joue aussi le rôle de sauveuse. La communauté protège, veille, surveille. Elle est bienveillante par moment, mais intraitable à d’autres. Ces mêmes communautés ont vécu le choc de la désindusrialisation. Elles ont été abandonnées par les industries qui, jusque là, «prenaient soin» des travailleurs et de leurs familles. Un symbole qui en dit long : l’immeuble de la banque CGER à Cheratte (rachetée aujourd’hui par la BNP Paribas Fortis) s’est transformé en Mosquée (la mosquée Mimar Sinan). « L’ironie de l’histoire reste que les coffres sont toujours présents dans la cave de la mosquée. Ce lieu est le symbole de la fin du capital économique qui s’est transformé en capital social. Cette mosquée a également joué le rôle de la banque, car nombreux jeunes qui voulaient ouvrir un commerce ou créer une entreprise, demandaient de l’argent aux plus anciens qui acceptaient très souvent d’aider parce que le père avait participé à la création du lieu de prière, par exemple». Là où l’état a failli, la communauté a été présente.

Altay Manço reconnait que la cohabitation entre les différentes  populations n’est pas toujours facile, mais les initiatives citoyennes; de plus en plus nombreuses et de mieux en mieux organisées, feront sans doute la différence dans les prochaines années.

Pour s’inscrire au Forum académique belgo-marocain ici

 

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