Eva Szepesi, survivante de la Shoah, a salué mercredi les manifestations massives en Allemagne contre la résurgence de l’extrême droite, mais a déclaré qu’une action plus forte était cruciale pour résister à la montée de l’antisémitisme.
Eva Szepesi, qui a été libérée d’Auschwitz à l’âge de 12 ans, a déclaré au chancelier allemand Olaf Scholz, à son cabinet et aux députés lors d’une cérémonie au Bundestag qu’elle était réconfortée par la participation de centaines de milliers d’Allemands aux rassemblements en faveur de la démocratie.
« C’est merveilleux que tant de gens soient descendus dans la rue ces dernières semaines pour manifester contre l’extrémisme de droite« , a déclaré Eva Szepesi, âgée 91 ans, devant la chambre.
« Mais j’aimerais que ces manifestants s’opposent aussi haut et fort aux remarques inhumaines et antisémites de leurs connaissances et au travail », a-t-elle ajouté, invoquant une responsabilité de faire face à la haine là où elle surgit.
Elle a déclaré que « la merveilleuse constitution et la démocratie » de l’Allemagne méritaient d’être défendues contre les forces cherchant à les affaiblir, sans citer nommément le parti d’extrême droite AFD.
L’AFD, qui a grimpé dans les sondages d’opinion depuis l’été dernier à environ 20 % en raison des craintes d’un déclin économique et d’une augmentation de l’immigration, avait largement boycotté l’année dernière la commémoration de la Shoah au Parlement.
Les dirigeants et députés du parti étaient cependant présents au discours d’Eva Szepesi et ont applaudi avec d’autres législateurs alors qu’elle appelait les Allemands à résister à «rester silencieux et détourner le regard» face à l’extrémisme.
Eva Szepesi, née à Budapest dans une famille juive, a été envoyée au camp d’extermination nazi d’Auschwitz à l’âge de 11 ans et a été l’un des rares enfants prisonniers à avoir échappé à la mort dans les chambres à gaz.
Elle a déclaré qu’on lui avait conseillé de mentir sur son âge, en disant aux gardes qu’elle avait 16 ans, ce qui lui avait probablement sauvé la vie. Les prisonniers jugés inaptes au travail étaient systématiquement assassinés dès leur arrivée, un sort que sa mère et son frère avaient connu au camp.
Après la guerre, Eva Szepesi et son mari, un autre survivant de l’Holocauste, se sont installés en Allemagne en raison des bouleversements de la guerre froide en Hongrie. Elle a remercié Scholz et son gouvernement pour leur « solidarité» avec Israël après les attaques meurtrières du Hamas en octobre.
Mais elle s’est inquiétée de la forte augmentation des crimes antisémites enregistrée en Allemagne depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
« Cela m’inquiète profondément et je suis triste de voir ce qui se passe dans les rues : la volonté de recourir à la violence et la haine des Juifs« , a-t-elle déclaré.