Entretien avec Vaddana Keo, fondatrice de KOKEO

Nous avons rencontré la co-fondatrice de KOKEO, Vaddana KEO. Juriste de formation, cette jeune jeune Française d’origine cambodgienne est arrivée en France à l’âge de 6 ans alors que son père a été assassiné par les Khmers rouges sous le régime de Pol Pot. A 13 ans, elle s’engage dans le monde associatif pour « éviter que les enfants du monde n’aient jamais à subir ce qu’elle a vécu sous le régime des Khmers rouges au Cambodge entre 1975 -1979« . Aujourd’hui, elle fonde KOKEO, association co-dirigée par Bruno de Monteynard, entrepreneur, et Patrick Benson, psychologue.

KOKEO est une ONG consultative qui traite avec les instances internationales telles que la Commission européenne, le Parlement européen, la Cour internationale de justice, l’ONU, l’UNESCO, diverses ambassades et organismes étatiques des pays européens et de leurs pays partenaires afin d’apporter un soutien concret au développement des associations locales afin de créer des synergies d’intelligence collective entre experts et instances d’influence.

Entretien

DiverCite.be : Vaddana Keo, parlez-nous un peu de vous ?

Vaddana Keo : Je suis fondatrice-Présidente du Réseau international de la Société Civile KOKEO, une ONG de coordination et d’organisation pour promouvoir la représentation de la Société Civile auprès des Instances nationales et internationales et pour proposer une stratégie de développement sur le terrain afin d’apporter une contribution certaine aux plus démunis par un programme de développement commun.  J’ai quitté mes activités professionnelles dans le notariat et l’entrepreneuriat en France depuis 6-7 ans pour me consacrer pleinement à la mise en place du concept KOKEO et de son organisation au niveau international.

Comment l’idée est-elle née ?

Vaddana Keo : Ce changement est provoqué par un retour au passé de mon enfance sous le régime meurtrier de Pol Pot au Cambodge entre 1975 et 1979 où les nouveau-nés étaient voués à mourir. J’avais un mois quand la déportation de la population a commencé et quand mon père a été tué par les Khmers rouges. Je suis arrivée à Paris en hiver 1983 avec une carence alimentaire avérée et l’adaptation pour survivre et grandir comme tous les autres enfants a dû être rapide.

J’ai été passionnée par ma carrière professionnelle dans le notariat durant 20 ans. Ce qui m’a conduit à poursuivre en parallèle des formations complémentaires en droit des affaires, en droit notarial de l’entreprise et expert en gestion de patrimoine dans le centre AUREP de Clermont-Ferrand.

Aujourd’hui, je souhaite apporter ma pierre à l’édifice pour améliorer le monde associatif et pour mieux sauver des vies en tenant compte des contraintes actuelles. Je suis partie dès 2016 en tant que plaidoyer au Parlement européen, à la recherche d’un concept pouvant aider mon prochain, le concept KOKEO qui porte le nom de deux anges cambodgiens du développement (Ko – la vache sacrée) et de la Paix (Keo – ange de la sagesse).

DiverCite.be: Quelles sont les ambitions de cette ONG ?

Vaddana Keo : Couvrir les besoins pour la survie des êtres vulnérables à commencer par l’humain en lui apportant les trois axes de survie nécessaire et complémentaire (santé, travail-formation, logement). Travailler avec les structures existantes dont les projets individuels ont du mal à durer dans le temps par manque de ressources. Nous fédérons les structures existantes pour mettre en place ensemble un projet collectif et réplicable, un centre de vie.  Nous voulons aussi créer une trésorerie propre au monde associatif en gérant les projets humanistes comme une entreprise et en faisant participer les investisseurs dans des projets tournés vers le RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) et le développement économique solidaire.

Avec de telles ambitions, nous espérons qu’en 2030, nous aurons atteint une partie des objectifs du développement durable (17 ODD des États membres de l’Union européenne repris dans l’Agenda 2030 de l’ONU). Nous espérons que le constat du monde associatif sera amélioré avec plus d’autonomie financière, moins d’individualisme, des initiatives associatives, une amélioration des transmissions d’informations par une communication plus diplomatique et pacifique par la production de rapports de terrain. Actuellement, nous avons 40 équipes locales de coordination dans 40 pays différents et nous espérons couvrir tous les pays développés.

DiverCite.be: Vous êtes actives sur 4 continents, les besoins sont-ils identiques ou vous adaptez-vous aux demandes locales ?

Vaddana Keo : Nous tenons compte des besoins locaux et c’est le travail de nos membres de coordinations locales qui doivent nous faire remonter les informations sous forme de rapports de terrain établis par la société civile, experts dans leurs domaines pour mieux comprendre les demandes locales et apporter des solutions adaptées à la réalité du terrain.

Nous travaillons sur 3 activités pour apporter notre programme de développement : Accompagnement des locaux à des activités économiques gagnant-gagnant entre un acteur économique  ou une société (qui cherche à se développer et à vendre ses produits et ses services et pouvant apporter aux locaux un accompagnement et une formation) et un membre d’un acteur associatif ou une personne de la société civile (qui cherchent un accompagnement ou un complément de ressources pour exécuter des activités simples comme celle de l’apporteur d’affaires pour toucher des commissions).

Chaque pays dispose d’une note d’instructions propre dans laquelle il fait le choix du domaine d’activité qui est le plus demandé par les locaux. Accompagnement des locaux à des montages de projets collectifs et réplicables pour éviter l’individualisme des projets.

Nous proposons également des modèles de projets dont chaque pays fait le choix et nous proposons de travailler sur un projet libre qui suit malgré tout le concept de montage de projet KOKEO.

Tous nos projets sont contrôlés par des scientifiques grâce à notre partenaire OSI  Thomas EGLI – Objectif Sciences international et par des applications de contrôle des impactsee sur les 17 ODD de notre partenaire Philippe Guettier président SDG CHAMPIONS France.  Accompagnement des locaux à établir des rapports de terrain pour donner une situation concrète des abus sur les êtres vulnérables.

Ces rapports peuvent être un bénéficie pour les médias et les politiciens en manque de ressources d’informations tangibles à exploiter pour leurs communications..

DiverCite.be: Comment choisissiez-vous vos partenaires ?

Vaddana Keo : Les critères de choix des partenaires économiques ou associatifs sont essentiels pour le bon développement du Réseau international de la Société Civile. Ainsi, le service administratif du Bureau exécutif de chaque section vérifie pour chaque partenaire : leurs identités ou leurs enregistrements officiels. Que l’objet contenu dans leurs statuts soit conforme à nos objectifs de développement durable. Que les initiatives existantes soient reprises dans un rapport d’activité. Qu’ils s’engagent à suivre un programme de développement commun en adhérant à notre contrat d’adhésion au réseau ou en régularisant une convention professionnelle. Et enfin, que l’engagement avec un partenaire soit d’ une période d’essai de 3 mois et d’une durée de collaboration de 3 ans renouvelables.

DiverCite.be: Concrètement, comment cela va-t-il s’installer dans la durée ?

Vaddana Keo  : Chaque pays dispose de sa note d’instruction pour mieux répondre aux réalités locales qui sont en cours d’élaboration. Chaque collectif de partenaires est libre de poursuivre son propre objectif, mais rejoint le réseau KOKEO pour participer au montage de projet de « Centre de vie ». C’est un projet collectif et réplicable dont le montage est spécifique et basé sur 3 axes : santé, travail-formation et logement pour apporter une autonomisation à l’être vulnérable.  Ces « centres de vie » sont situés le plus souvent près des frontières ou dans des zones de danger et peuvent prendre plusieurs formes selon le choix de renforcement de l’un des trois axes.

Par exemple le projet de la ferme durable à la frontière du Cambodge et de la Thaïlande, à Païlin, où nous avons renforcé le travail à la ferme avec un dispensaire et un centre de formation pour l’usage des techniques ou des outils du développement durable.

Un pourcentage du bénéfice de l’activité économique principale du Centre de vie, ici l’exploitation de la ferme, est reversé pour financer les actions sociales de la région.  Et enfin, les actions de KOKEO sont de trois catégories comme stipulé ci-dessus avec les trois directions d’accompagnement pour les locaux, afin de mener ensemble un programme de développement.

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