La princesse Esmeralda de Belgique, demi-sœur des rois Baudouin et Albert II, annonce officiellement son soutien à Kenza Isnasni, fille de Habiba et Ahmed victimes d’un meurtre raciste survenu le 7 mai 2002.
Il y a 19 ans, jour pour jour, au 121 de la rue Vanderlinden à Schaarbeek, un certain Hendrik Vyt, 80 ans, sympathisant du Vlaams Blok, assassinait les parents Isnasni faisant cinq orphelins. Il est 4 h du matin quand l’octogénaire promène son chien dans le quartier. De retour chez lui, il se rend chez ses voisins habitants le premier étage de l’immeuble et abat d’une balle dans le dos le père de famille, Ahmed, âgé de 47 ans . Son épouse Habiba El Hajji, 48 ans, a elle été criblée de balles sous le regard de leurs enfants. Hendrik Vyt tire également sur les enfants mais ils seront sauvés par des voisins, Rita et Gérard Buyck. Le meurtrier mourra quant à lui intoxiqué dans la maison où il aura bouté le feu quelques instants plus tôt.
Ce crime, d’une effroyable atrocité, survenait le 7 mai 2002, soit deux jours après le deuxième tour des élections présidentielles françaises et la défaite de son « héros » Jean-Marie Le Pen. Hendrick en avait été particulièrement déçu. L’espoir du premier tour, où le chef du Front National s’était retrouvé en face de Jacques Chirac, lui aurait inspiré ces mots: `Il va gagner. C’est bien. Il ne nous reste plus qu’à prendre une Kalachnikov et tous ( les étrangers ) les tuer !´
Un crime raciste qui connaitra un retentissement inouï.
Kenza Isnasni, la fille aînée du couple, n’aura de cesse depuis de pérenniser la mémoire de ses parents pour que cela ne s’oublie pas et ne se reproduise pas. Depuis 19 ans, elle organise des commémorations mais en 2018 elle propose à la commune de Scharbeek que la rue où ses parents sont morts devienne la rue Habiba-Ahmed. En 2020, elle met sur pied une fondation : la Habiba Ahmed Foundation. Le but de cette œuvre est de travailler à la lutte contre le racisme et un site internet vient de compléter le projet. Un appel y est lancé, invitant les citoyens à s’unir autour du « Devoir de mémoire contre le racisme ». La jeune Kenza explique son initiative par la volonté d’appeler notamment à la vigilance.
La princesse Esmeralda de Belgique sera donc l’une des marraines du comité de parrains et marraines de la fondation. Dans une intervention filmée depuis Londres où elle vit, elle dira : « Le 7 mai 2002 nous a prouvé de manière tragique que les mots et les discours haineux et violents pouvaient conduire au crime. Aujourd’hui, dans le monde, ces discours et ces propos ont tendance à se propager. Il est urgent qu’on les dénonce, qu’on ne soit pas raciste mais qu’on soit anti-raciste. La fondation a pour objectif le dialogue, la paix et la compréhension entre les différentes communautés. »
Outre la princesse Esmeralda, bien connue pour ses positions humanistes et progressistes, on peut retrouver Gaël Faye, rappeur et écrivain franco-rwandais mais aussi l’acteur et dramaturge Dorcy Rugamba ainsi que Fatima Zibouh, responsable anti-discrimination chez Actiris.
La fondation mise sur pied par Kenza Isnasni aura pour but, entre autre-chose, « la mise en avant des parcours issus de la diversité ».