Mukkades Kokeralp Cirak, 85 ans, consacre sa vie à Mustafa Kemal Atatürk, fondateur et premier président de la République de Turquie de 1923 à 1938.
Dans sa maison d’Edirne, dans l’ouest de la Turquie, cette retraitée partage son quotidien avec tout ce qui peut lui rappeler la vie de l’homme. Atatürk, « le père des Turcs », est devenu le compagnon de ses vieux jours.
« Il nous a fait don de la République », dit-elle avec enthousiasme aux journalistes d’une chaine de télévision turque venue à sa rencontre. On la voit posant à côté de la statue du grand homme assis sur un fauteuil « parce que celle debout, haute de 3 mètres, que le sculpteur voulait m’offrir n’entrait pas dans mon salon ».
À 85 ans, Mukkades se réjouit de fêter ce dimanche 29 octobre le centenaire de la République mais regrette les jours anciens et le lustre des célébrations d’autrefois.
Après une vie passée en Allemagne, cette mère de deux enfants a regagné la Turquie en 1985 avec son mari, décédé depuis. Au fil des années, elle a commencé à collectionner les objets célébrant Mustafa Kemal.
Photos, peintures, calendriers, tasses à café, drapeaux, badges, pendules, toutes arrêtées à 9h05, heure de la mort du dirigeant turc le 10 novembre 1938.
Elle affirme ainsi à nos confrères qu’elle achète tous les objets de sa collection mais elle récupère aussi des objets ayant appartenus à des banques, à l’armée, à diverses institutions, mais aussi des artistes qui ont réalisé des œuvres pour les lui offrir.
Chaque mur de la maison est un hommage à Mustafa Kemal. Son garage sert d’entrepôt à toutes les photos qu’elle n’a plus la place d’accrocher mais elle en prend soin en traquant la moindre poussière.
Sa passion, dit-elle, lui vient de son arrière-grand-père, dont la famille était voisine de celle de Mustafa Kemal à Thessalonique, port grec autrefois partie intégrante de l’Empire ottoman. Son père a rencontré son héros, officier dans l’armée impériale, alors qu’il faisait son service militaire.
Mukkades ne manque aucune cérémonie officielle et se rend fréquemment dans les écoles pour partager le culte d’Atatürk avec les écoliers et les lycéens. Elle s’inquiète de l’évolution politique du pays et regrette que le président actuel, Recep Tayyip Erdogan, ne soit pas plus attentif à la mémoire de Mustapha Kemal. Après sa mort, elle souhaite que sa collection rejoigne un musée pour que la Turquie et le reste du monde en profitent.