Pinar Can, portrait d’une cheffe d’entreprise pas comme les autres

Partir de rien et monter haut, quitter la campagne de Turquie avec comme rêve l’accomplissement personnel et la réalisation d’une œuvre pour les autres, c’est ce qui a toujours animé Pinar Can, jeune entrepreneuse de 41 ans.

Pinar Can est née et a grandi en Turquie, plus exactement dans le village de Yesilyaka Sebge Koyu attaché à la ville d’Erzincan. Arrivée en Belgique en 2001, et alors qu’elle a 19 ans, elle rejoint son mari à La Louvière, ville anciennement industrielle de la région du Centre dans le Hainaut.

19 ans, c’est l’âge des possibles et celui où les rêves se construisent, et en particulier dans la tête de cette jeune fille qui découvre le monde. Elle ne parle pas encore le français, mais elle l’apprendra très vite. Pinar se dit avoir été une enfant qui a grandi dans l’amour, celui de ses parents de qui elle était tant désirée. Cet amour parental, pour Pinar Can, c’est la base de sa force et de sa richesse.

Maman de jumelle qui ont maintenant 19 ans, Pinar aurait pu se contenter d’une vie de famille comblée, mais il lui fallait relever d’autres défis. En quittant son pays pour la Belgique, la jeune femme imaginait trouver dans la société occidentale des possibilités d’émancipation, mais elle déchante rapidement. Les cieux et le climat sont différents et la mentalité des gens de sa communauté belge-turque, installée en Wallonie depuis les années 1950, reste figée. «J’imaginais l’Europe différemment. Dans ma tête, je me sentais émancipée et j’attendais une ouverture que je n’ai pas trouvée. En tous les cas pas à La Louvière. » Pinar découvre aussi le contrôle social et le pouvoir de la communauté. « Dans le village d’où je venais, beaucoup de choses étaient interdites, mais ce qui m’a choquée c’est qu’ici en Belgique, on retrouvait les mêmes interdits».

Durant les premières années de son arrivée en Belgique, Pinar évolue dans une communauté où les femmes restent à la maison : «au début, lorsque j’ai vu le fonctionnement et notamment le fait que les femmes restent à la maison, cela ne m’a pas du tout convenu. Je me suis dit que la vie ce n’était pas juste entretenir une maison et passer ses journées à regarder la télévision. J’ai donc très vite voulu travailler, mais je ne parlais pas encore le français. J’ai commencé par travailler trois mois dans le nettoyage et puis je suis entrée à l’école de coiffure où j’ai commencé une formation qui a duré 3 ans. J’ai ensuite été coiffeuse dans des salons pendant 5 ans. »

Pinar se découvre une passion pour la beauté, mais aussi un don particulier pour l’épilation des sourcils avec la technique du fil (apparue en Inde, cette technique a ensuite conquis les pays d’Asie et d’Orient).  «J’ai commencé par épiler mes patrons et les clientes trouvaient cela tellement bien fait, qu’elles ont demandé à ce que je les épile aussi et tout est parti de là ».

Pinar ne se contente pas de faire la guerre aux poils, elle étudie avec un regard aiguisé ce qui peut sublimer le visage et ce don fait d’elle une des esthéticiennes les plus demandées en province de Hainaut. Elle a commencé chez elle comme indépendante complémentaire dans l’une des chambres de son habitation mais les allées et venues des clientes sont de plus en plus nombreuses. « « Cétait du 7 jour sur 7, car je disais oui à toutes les demandes » et cela devenait difficile pour sa famille. Elle finit par acheter un local et le transforme en salon d’esthétique. Aujourd’hui, l’institut le « Le regard au bout du fil » ne désemplit pas. Les clientes se succèdent à un rythme effréné et le succès de son salon a permis à Pinar de pouvoir engager deux autres esthéticiennes qu’elle a formées et qui travaillent avec la même efficacité que la sienne.

Les clientes viennent de partout et n’hésitent pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour s’abandonner entre les mains de Pinar et de son équipe. La jeune entrepreneuse pourrait vivre sereinement son succès et s’en contenter mais c’est mal connaitre notre Louviéroise. En septembre prochain, Pinar Can ouvrira un salon sur trois étages complètement dédiés au bien être de la femme. « Il y aura des soins esthétiques, mais aussi des massages, un hammam et j’ai même pensé y organiser des cours de langues et de développement personnel pour les femmes».

Dans la bouche de Pinar, la notion de « bien être de la femme » revient souvent, presque comme un leitmotiv. Le nom du nouveau lieu n’est pas encore trouvé, mais tout sera là pour satisfaire la plus exigeante des clientes. « L’intention sera aussi de soigner les femmes aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur avec des possibilités de trouver des aides psychologiques pour celles qui le souhaitent. Notre but sera de les reconnecter avec leurs émotions dans un moment qu’elles pourront totalement consacrer à leur bien être. Le mental ne peut pas se dissocier du physique et vice versa. Un alignement du corps et de l’esprit».

Pinar Can espère avec ce nouveau concept mettre en place une structure qui pourra aider toute femme qui désire avancer dans la vie. «Quand je suis arrivée en Belgique, je ne parlais pas la langue, j’étais un peu perdue. Ce lieu sera l’endroit idéal pour les femmes qui sont au début d’un processus et qui trouveront dans mon institut les clés pour se créer et avancer dans leurs rêves.»

Pinar nous avoue qu’aujourd’hui, à 41 ans, elle a enfin la vie qu’elle souhaitait avoir en quittant son village de Turquie à l’âge de 19 ans.

Institut « Le regard au bout du fil »,  Rue des Croix du Feu  11 à 7100 La Louvière
Le nouveau salon (le nom reste encore à définir) se situera rue du Commerce 6 à 7100 Haine-Saint-Pierre
Lien FB 

 

 

 

 

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