Depuis le 7 octobre et le début de la guerre que mène Israël contre le Hamas, nous sommes les témoins impuissants d’un massacre à grande échelle sur une population désarmée et livrée à elle-même. Des tirs qui se veulent ciblés mais qui en réalité sont aveugles et meurtriers. Depuis 46 jours, des milliers de Palestiniens meurent sous les bombardements. Des milliers d’autres sont gravement blessés. Blessures physiques, blessures psychologiques, blessures qui resteront marquées pour des générations de Palestiniens alors que la Communauté internationale brasse du vent avec le sentiment, sans doute, d’adopter une position forte et un discours audible.
Les morts israéliens et les otages aux mains du Hamas ont profondément choqué, et à juste titre, l’opinion publique israélienne et internationale. En représaille, Israël s’est promis d’anéantir le Hamas. Son armée pilonne donc sans relâche la bande de Gaza.
En bombardant un territoire de 365 km2 où s’entassent 2,4 millions de Palestiniens, le bilan des victimes que nous connaissons ne pouvait échapper à l’État-major israélien. C’est pourtant avec détermination qu’il est aujourd’hui en guerre contre une idéologie puisque le Hamas, cela a été souvent répété, ce sont des hommes mais aussi des combattants porteurs d’un projet. Un idéal, une idéologie qu’ils lèguent, depuis 2007, à de jeunes Palestiniens désabusés et qui n’ont toujours connu que cette prison à ciel ouvert.
De l’utilité ou de l’inutilité de boycotter les produits israéliens
Et de témoins impuissants que nous sommes, la seule arme que les défenseurs de la cause palestinienne ont à leur disposition est celle du boycott. En Belgique, comme ailleurs, des internautes exhortent à cesser de consommer des produits fabriqués en Israël ou issus d’entreprises dont des actionnaires seraient des Israéliens. C’est un sujet qui divise et qui fomente des opinions contraires et cela ne date pas des derniers évènements.
Pour les citoyens en faveur de la mise au pilori, c’est le moyen idoine pour faire pression sur le gouvernement israélien ou, de manière plus réaliste, une forme d’expression de sa solidarité avec les Palestiniens. Si la question depuis le 7 octobre est abondamment commentée reste ceux qui affirment que l’impact pour Israël sera moins significatif que pour les citoyens et les travailleurs israéliens, victimes du gouvernement d’extrême droite que Benjamin Netanyahou dirige.
Pourquoi punir des Israéliens, y compris ceux qui ne soutiennent pas les politiques du gouvernement ? Le débat s’est invité parmi la classe politique belge. Pierre-Yves Dermagne ( Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie et du Travail wallon) interrogé dans l’émission « C’est pas tous les jours dimanche » sur RTL-TVI le 12 novembre dernier, affirme qu’il faut « Différencier les produits (…) étiqueter pour que les gens sachent, quand ils achètent quelque chose, que cela vient ou pas des colonies illégales israéliennes ». Il poursuit en proposant que ces produits « ne bénéficient pas d’un tarif douanier avantageux, comme c’est le cas avec les produits réguliers issus de l’Israël »
Par contre, pour David Clarinval ( Vice-Premier Ministre et ministre des Classes moyennes, des indépendants, des PME) rompre avec Israël ne serait pas une bonne chose pour la Belgique, avant d’ajouter que « c’est impraticable techniquement » pour des questions de logistiques selon lui « au niveau belge, on aura finalement un détour du commerce par le port de Rotterdam. »
Entre le principe et la pratique, on peut comprendre qu’il n’est pas si aisé de mettre un coup de pied dans la fourmilière des échanges commerciaux que l’économie a patiemment tissée depuis des décennies.
Le ministre Clarinval l’a relevé « 30 % des exportations (en provenance d’Israël) c’est du matériel médical, et notamment du matériel de dentisterie ». Faut-il demander, lors de la prise de rendez-vous chez son praticien, si sa fraise dentaire vient d’Israël ou d’ailleurs ? La Belgique est aussi connue pour sa plaque tournante diamantaire à Anvers dont les principaux vendeurs installés ont un lien très fort avec Israël. Là aussi, quelle méthode de boycott faut-il appliquer ?
En fin de compte, si la question est simple d’un point de vue moral et légal, elle est plus compliquée dans sa mise en oeuvre. Elle se greffe à la cause palestinienne qui la rejoint dans sa complexité depuis plus de 70 ans.