Féminicide, un fléau mondial

Pas un jour ne passe sans qu’une femme ne soit la victime d’un homme qui est ou a été son mari ou son compagnon. Jeunes, moins jeunes, issues d’un milieu précaire ou d’un milieu nanti, la violence jusqu’au meurtre n’est conditionnée par aucune règle. Si d’aucuns nourrissent le préjugé qu’il est un acte intrinsèque à une culture ou à un continent, il est temps de lui faire changer d’avis.

16 mars 2023, Colombie : Un homme tue son ex-compagne et contamine sept personnes avec une poudre toxique.
22 mars 2023, France : Il tue sa femme et se suicide.
24 mars 2023,
Pérou : brûlée vive sur la voie publique, l’assassin est en fuite…

Le féminicide est un grave problème dans de nombreux pays. Des femmes victimes, trop nombreuses, des autorités dépassées, des solutions inefficaces. Aucun endroit au monde n’est épargné.

Si nous nous arrêtons un instant dans le Maghreb, selon les données de l’Organisation des Nations Unies, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie ont l’un des taux de féminicide les plus élevés au monde. Les femmes au Maghreb sont souvent victimes de violences domestiques, de harcèlement sexuel, de mutilations génitales féminines et d’autres formes de violence sexuelle. Les lois et les normes sociales dans la région peuvent souvent perpétuer cette violence. L’une des causes reste l’accès limité des femmes à la justice et à une certaine forme de culture du silence autour de la violence domestique et du viol. Même si on ne peut ignorer qu’il y a eu des efforts pour lutter contre le féminicide, notamment par le biais de campagnes de sensibilisation et de discours pour des changements de politique, il reste encore beaucoup à faire pour protéger les femmes et les filles.

Les féminicides sont souvent perpétrés par des partenaires intimes.

Des membres de la famille ou des connaissances proches de la victime. Les raisons de ces crimes peuvent varier, mais elles sont souvent liées à des normes sociales et culturelles qui dévalorisent les femmes et limitent leur liberté et leur autonomie.

Au Maghreb, des organisations de la société civile, des militants des droits des femmes et d’autres groupes travaillent pour sensibiliser le public et lutter contre ce fléau. Les gouvernements ont également pris des mesures pour tenter de résoudre le problème, notamment en adoptant des lois pour protéger les femmes contre la violence et en renforçant les systèmes de justice pénale pour tenir les auteurs de ces crimes responsables.

Cependant, beaucoup reste à faire pour mettre fin au féminicide et garantir la sécurité et les droits des femmes au Maghreb et cela commence par la nécessité de promouvoir l’égalité des sexes et de lutter contre la violence qu’elles subissent. Pour ce qui est du recensement des actes, les chiffres sont difficiles à obtenir. Les violences faites aux femmes sont souvent non déclarées et les données officielles ne sont pas toujours en lien avec la réalité. Cependant, il est indéniable que les femmes sont victimes de violences sexistes et de meurtres dans cette région du monde. Considérées comme la propriété de leur famille et de leur communauté, elles sont soumises à des normes sociales très strictes en matière de comportement et de relations.

Autres enjeux, la discrimination économique et l’inégalité des sexes contribuent à la violence contre les femmes. Souvent moins éduquées, elles ont moins d’opportunités d’emploi que les hommes, ce qui peut les rendre plus vulnérables à la violence et à l’exploitation. Il est donc important de continuer à sensibiliser la société et les autorités à cette réalité et de promouvoir l’égalité des sexes et le respect des droits des femmes.

En Asie, de nombreux pays connaissent des taux élevés de féminicides.  En Inde, on constate une  augmentation importante des cas de violence et de féminicides notamment pendant la pandémie. Selon les chiffres officiels, le nombre de violences envers les femmes a augmenté de 30% au cours de l’année 2020, par rapport à l’année précédente.

Au Pakistan aussi les femmes sont souvent victimes de violences domestiques et sexuelles. Ces faits ont peu sanctionnés par les autorités, notamment le crime d’honneur ou une femme est tuée par un homme de sa famille pour avoir « apporté » la honte sur la famille. Selon le groupe de défense des droits de l’homme « Aurat Foundation »,  organisation de défense des droits des femmes basée à Islamabad, 510 cas de meurtres d’honneur ont été signalés dans tout le pays en 2020.

En Corée du Sud, les féminicides ont également augmenté ces dernières années. La violence sexuelle est un problème majeur, même si le mouvement #MeToo s’est imposé depuis quelques années.

Les Nations Unies, relèvent que le continent asiatique bat lui aussi des records dans la violence faite aux femmes. Selon les derniers chiffres, plus de la moitié des meurtres de femmes dans le monde ont lieu en Asie. Le rapport onusien souligne néanmoins que tous les féminicides n’étant pas déclarés ( dans les provinces éloignées par exemple) les statistiques réelles pourraient être bien plus élevées.

Indiennes, Pakistanaises, Bengalaises, Népalaises, Philippines, Coréennes du Sud… aucune femme ne peut se dire protégée par la communauté ou par la loi.

En Asie les causes sont multiples : les conflits armés, la pauvreté, l’insécurité, la traite des êtres humains,  la violence liée aux drogues et aux gangs sans exclure certaines pratiques culturelles liées aux  traditions comme les mariages forcés et le harcèlement sexuel.

Autre culture, autre continent : l’Amérique du Nord. Si le continent nord-américain figure parmi les plus avancés du monde en matière de droits des femmes, les féminicides continuent d’y être un grand problème. En 2019, un rapport de l’ONU a été publié avec ce chiffre effarant d’une moyenne de 10 femmes tuées chaque jour aux États-Unis. Les femmes de couleur et les femmes autochtones sont particulièrement vulnérables aux féminicides.

Le Canada n’échappe pas au fléau.  Le taux de féminicide est également très important avec une hausse de 27 % en  4 ans. Pour l’année 2022, 184 femmes ont été tuées par un compagnon ou un ex-compagnon. Ce triste chiffre d’une femme  tuée tous les deux jours au Canada, c’est le bilan dressé par l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilité.

Quels points communs entre la Maghrébine, l’Asiatique ou l’Américaine du nord ?  Les causes des féminicides sont complexes et liées à de multiples facteurs. Un point commun néanmoins : une certaine perception masculine d’une femme comme objet dont on peut disposer et dont on serait le propriétaire.

 

 

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