C’est sur les réseaux sociaux que l’échevin socialiste Philippe Boïketé a annoncé ce mardi que, lui et deux autres échevins PS (Nezahat Namli et Loubna Jabakh) avaient été déchargés de l’essentiel de leurs compétences par le bourgmestre Emir Kir. Les mots choisis sont cinglants et percutants. Sur Twitter, Boïketé parle de fin de règne et de pratiques dignes d’une dictature finissante.
Pour comprendre le chaos vers lequel s’avance dangereusement la commune de Saint-Josse, il faut remonter à janvier 2020 et à l’exclusion d’Emir Kir du Parti socialiste. Accusé d’avoir rompu le cordon sanitaire en recevant une délégation de mandataires turcs comprenant des élus d’extrême-droite, Emir Kir est lâché. Pourtant reconnu comme « machine à voix » de son parti, la Commission de vigilance du PS lui fait comprendre qu’il ne doit plus trop compter sur son indulgence. A plusieurs reprises dans le passé, il avait pourtant été sauvé des eaux notamment lorsqu’il avait refuser de reconnaitre et de soutenir une résolution du Parlement fédéral sur le génocide arménien.
C’est à partir du lâchage de Kir que la situation politique dans la commune va devenir complexe. Le Parti socialiste ne va pas jusqu’à exiger le départ de Kir à la tête de la commune. Le PS tenoodois, divisé sur la marche à suivre après l’éviction de son leader, continuera à soutenir la majorité en place. Ce sont ces divisions qui ressortent aujourd’hui au grand jour à 18 mois des élections communales de 2024.
Le collège communal se retrouve divisé entre les partisans d’Emir Kir, parmi lesquels deux socialistes, Dora Ilunga et Mohamed Jabour, qui lui restent fidèles. De l’autre côté, les trois échevins qui viennent d’être sanctionnés (Boïketé, Jabakh et Namli). Autant dire que les prochains mois vont être animés dans la commune, qui dans les faits ne sera plus dirigée que par un demi-collège composé d’un quarteron d’échevins.
Mais tout le monde est déjà bien conscient que ce seront les urnes qui, au final, arbitreront ce bras de fer. Ahmed Laaouej, le Président de la Fédération bruxelloise du PS, avait déjà annoncé il y a quelques semaines qu’il y aurait une liste PS à Saint-Josse en octobre 2024; autrement dit, les élus qui veulent rester fidèles à la ligne de la Fédération ne pourront se porter candidats sur une liste du bourgmestre. Aujourd’hui, il est clair que l’affrontement électoral annoncé entre le PS local et la future liste Emir Kir a bel et bien commencé et on pressent déjà que ce ne sera pas une affaire d’enfants de choeur.