Joe Biden reconnait le génocide des Arméniens, Erdogan ne décolère pas

Photo: NNA

Joe Biden est le premier président américain à reconnaitre le génocide des Arméniens planifié et mis en oeuvre par l’Empire Ottoman. 

D’avril 1915 à juillet 1916, un million et demi d’Arméniens (les chiffres officiels varient entre 1,2 et 1,5 million de victimes), soit les deux tiers de cette population qui vivaient sur le territoire actuel de la Turquie, trouvaient la mort suite aux déportations, aux famines et aux massacres. 

« Les Américains honorent tous les Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd’hui». C’est en ces termes que Joe Biden a formulé son communiqué avant d’ajouter « Nous affirmons l’histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque mais pour nous assurer que ce qui s’est passé ne se répète jamais»,

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a  réagi en dénonçant « la politisation par des tiers » de ce débat. La Turquie conteste depuis toujours le terme de « génocide » pour évoquer ce pan de son histoire. Déjà en 2011, au lendemain de l’adoption à l’Assemblée nationale française d’une proposition de loi pénalisant la négation des génocides, la Turquie avait riposté en évoquant un « génocide » commis par les Français en Algérie. 

Aujourd’hui, plus d’une vingtaine de pays et de très nombreux historiens reconnaissent qu’il s’agit bien d’un  génocide que la Turquie a commis sur son sol envers les Arméniens. Selon les termes de la convention des Nations unies du 9 décembre 1948 (postérieure donc aux faits), un génocide est un acte « commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux »

Promesse tenue par Joe Biden

Joe Biden avait promis lors de sa campagne électorale de se pencher sur ce dossier. C’est donc ce vendredi 23 avril qu’il a pris la décision d’en informer, par téléphone, son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Le lendemain, le samedi 24, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu,  conviait l’ambassadeur américain pour lui faire part de la protestation officielle de la Turquie face à cette décision.

La prise de position américaine est saluée par le premier ministre arménien Nikol Pachinian. Celui-ci  reconnait là une « mesure très forte envers la justice et la vérité historique ». Depuis de nombreuses années la communauté arménienne aux Etats-Unis faisait pression sur la Maison Blanche et ses administrations successives mais aucun président n’avait pris le risque de se mettre à dos la Turquie, alliée de l’Otan. Le Congrès américain avait symboliquement  reconnu le génocide arménien en décembre 2019.  Donald Trump avait toutefois réfuté le terme de génocide pour reconnaitre du bout des lèvres « une des pires atrocités de masse du XXe siècle« .

La Turquie, portion de l’ex Empire ottoman démantelée à l’issue de la Première Guerre mondiale, reconnaît des massacres mais conteste le terme de génocide. Elle affirme qu’il s’agit d’une guerre civile en Anatolie et que les arméniens furent les victimes de la  famine qui en résulta. Pour les autorités turques, le bilan des victimes s’établirait entre 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs décimés au début du siècle dernier. 

Certes, l’annonce de Joe Biden n’aura pas de portée légale mais sa symbolique est importante. Elle ne manquera pas d’aggraver les tensions avec cette Turquie du Président Erdogan que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a qualifié de « soi-disant partenaire stratégique »

Biden et Erdogan ont convenu de se rencontrer en juin en marge du sommet de l’Otan à Bruxelles. 

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