La fuite des cerveaux, un pan de l’immigration que l’on préfère ignorer

Peu évoquée, absente des informations, la problématique de la fuite des cerveaux est une réalité, une vraie. Douloureuse pour les pays du tiers-monde, aubaine pour les pays qui en bénéficient et pourtant, ce phénomène reste un pan de l’immigration que l’on préfère ignorer. En faire abstraction, c’est accepter les conséquences. Le mésestimer, c’est le cautionner.

L’Afrique subsaharienne est la région au monde où l’émigration de la population érudite est la plus élevée. La liste des préjudices faits aux pays concernés est longue. Cela concerne : la recherche, la médecine, l’enseignement, l’ingénierie, l’économie… bref, toutes les disciplines nécessaires à un pays en développement. Un rapport de l’OCDE porte un regard encore plus aigu, évoquant d’autres aspects comme : « des effets sociaux à la source d’inégalités régionales, qui mettent à rude épreuve les familles et les rôles dévolus à chaque sexe, qui nuisent aux enfants et à leur scolarité et qui augmentent la criminalité. »

Phénomène mondial mais un migrant qualifié sur trois dans le monde s’exile vers l’Europe

En 2004, l’OCDE a demandé une étude mais difficile pour les experts de quantifier la fuite des cerveaux vers les pays non membres de l’OCDE comme les pays du Golfe Persique, Singapour, la chine, etc. On parle de plusieurs millions. Cela touche aussi les États membres de l’Union européenne avec un pic des pays de l’Europe de l’Est. La Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, la Croatie… Une personne diplômée sur cinq fait le choix de venir étudier à l’ouest puis de s’y installer de manière définitive. Il faut dire que les salaires sont sans commune mesure avec ceux qu’ils toucheraient dans leurs pays d’origine.

272 millions de migrants dans le monde en 2021

Tout cela obéit à un cercle vicieux. Les individus aspirent à une vie meilleure, une éducation mieux assurée, des soins de santé mieux prodigués, des emplois mieux rémunérés mais quitter son pays c’est aussi le laisser dans la grande précarité dans lequel il est condamné, sans les compétences nécessaires à sa modernisation.

L’immigration choisie versus immigration subie.

Choisir « ses » immigrés ? C’est le fantasme de tous les pays riches. Mais c’est en France que le concept prend un nom. Divulgué par le Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, le 8 juin 2005 dans sa déclaration de politique générale. Nicolas Sarkozy la mettra en pratique en 2006 alors qu’il est ministre de l’Intérieur. Cette formule d’immigration choisie fera partie des  slogans de campagne qui auront pour objectif de détourner les électeurs de l’extrême-droite. Le souhait d’un apport intellectuel de l’immigration plutôt qu’une immigration « subie ». L’enjeu, c’es de privilégier les travailleurs qualifiés adaptés aux besoins de l’économie.

La déconvenue, reste parfois une dépréciation des compétences.

L’accès à l’université, ces dernières années, et le nombre de diplômes de plus en plus nombreux rendent l’accès au travail plus difficile pour les migrants. La discrimination reste une réalité, malgré le délit qu’il incarne.

Le 3 septembre dernier, via le site de BBC News un article de  Nduka Orjinmo titrait : « Emigration : des étudiants nigérians accumulent les diplômes pour rester en Europe« . Le journaliste donne ainsi la parole à une jeune femme de 28 ans qui affirme avoir envoyé plus de 200 candidatures restées infructueuses sur le site LinkedIn. Modupe Osunkoya, du nom de la jeune étudiante, devait quitter le territoire belge dans les 12 semaines à défaut de trouver un emploi. Une solution bis : s’inscrire pour l’obtention d’un nouveau diplôme, le troisième depuis 2017 et son départ du Nigéria. Elle poursuit, à nos collègues de la BBC, en avouant : « Je ne me suis jamais vu faire un doctorat mais si je rentre chez moi maintenant, il n’y a pas de travail qui m’attend ».

Modupe Osunkoya est la parfaite illustration de la fuite des cerveaux et des déconvenues qu’ils rencontrent. L’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord, les pays de l’est de l’Europe connaissent des taux de chômage élevés,  des conditions de vie parfois difficiles, un avenir sombre et sans perspective. Les plus brillants préfèrent donc tenter leur chance à l’étranger, exercer des métiers où ils sont surdiplômés et cela  plutôt que de rentrer chez eux.

 

 

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