Les migrants, sujets au cinéma : Saydou Sarr, jeune comédien prometteur dans « Moi Capitaine » de Matteo Garrone

Au cinéma, ce sont des héros. Loin des joutes politiques, la figure du migrant nourrit de plus en plus de films, comme en témoigne la sortie mercredi en France et le 10 janvier prochain en Belgique « Moi Capitaine » du réalisateur italien Matteo Garrone avec le jeune comédien Saydou Sarr.

Le drame des migrants inspire le cinéma. Le 7 février, sortira « Green Border » de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland, sur les déboires de migrants bloqués à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Du côté du cinéma français, la question migratoire est au cœur de « La tête froide » (en salles le 17 janvier), sur les passeurs dans les Alpes.

Quinze ans après « Gomorra », sur la mafia napolitaine, Matteo Garrone a choisi dans « Moi Capitaine » de filmer comme une épopée le calvaire de deux jeunes cousins ​​sénégalais à travers l’Afrique et la Méditerranée.

Multi-récompensé à la dernière Mostra de Venise, « Moi Capitaine » est présenté par l’Italie pour l’Oscar du meilleur film étranger. Tout un symbole, pour un pays dirigé par un gouvernement d’extrême droite, en première ligne face au sujet des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe.

Le film raconte l’odyssée d’adolescents sénégalais, Seydou (Seydou Sarr) et Moussa (Moustapha Fall), deux cousins ​​qui décident de quitter sans un mot leur famille pour tenter leur chance en Europe. Le film a déjà changé la vie de son acteur principal, Seydou Sarr, un Sénégalais de 19 ans dont c’était la première expérience de cinéma et qui a décroché le Prix du meilleur espoir masculin à Venise.

« Je rêvais d’être footballeur, mais comme on dit, l’homme propose et Dieu dispose !« , sourit Seydou Sarr, lors d’un entretien avec l’AFP à Paris.

« Moi Capitaine » a été tourné au Sénégal, mais aussi au Maroc, où Seydou Sarr a rencontré des migrants coincés là, après bien des épreuves.

 « Montrer ce qu’il se passe » 

« Ce qui m’a le plus motivé en faisant ce film, c’est de me dire que peut-être les Européens vont venir aider ces personnes, qui sont bloquées au Maroc depuis presque dix ans (…) Le film est aussi important pour l’Afrique, pour y montrer ce qu’il se passe ». 

Si le sujet est omniprésent dans les médias et les discours politiques en Europe, Matteo Garrone a choisi de le brosser dans « Moi Capitaine » sans misérabilisme. Mais sans occulter les périls mortels : marches éreintantes à travers le Sahara, tortures dans les geôles libyennes, esclavagisme. Les deux cousins ​​finiront par embarquer pour l’Italie à bord d’un bateau surpeuplé.

Ces personnages « sont porteurs d’une épopée contemporaine », explique à l’AFP le réalisateur de 55 ans, qui s’est longuement documenté sur place, au Sénégal notamment. « En inventant ce récit, j’avais à l’esprit une grande aventure qui ramène à Conrad, à Jack London, à Homère ».

« Je n’ai pas fait ce film avec l’intention de changer le monde, mais de donner au public la possibilité de vivre cette aventure dans une perspective différente. Derrière les chiffres, il y a des gens qui ont des rêves comme nous », ajoute-t-il.

Comme « Green Border », « Moi Capitaine » interroge la responsabilité des Européens. Selon l’ONU, la traversée de la Méditerranée est la traversée maritime migratoire la plus dangereuse au monde, avec plus de 2.571 décès recensés en 2023.

En Italie, « Moi Capitaine » a pu être montré dans de nombreuses écoles, a souligné Matteo Garrone.

Toutes les sorties ne se font pas sans vagues. En 2022, la sortie des « Engagés », un film français sur les migrants dans les Alpes, s’est accompagné d’une campagne de haine dirigée contre sa réalisatrice Emilie Frèche.

Quant à Agnieszka Holland, 75 ans, qui a reçu un prix spécial du jury à Venise pour « Green Border« , elle a également essuyé des attaques violentes de la part des nationalistes polonais, avant qu’ils ne perdent le pouvoir cet automne à Varsovie , et des menaces de mort.

Par François BECKER (AFP)

 

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