Les mille vies de Faty Khalis : mannequin, ex-femme de diplomate belge et aujourd’hui cheffe cuisinière

Nous connaissons tous cette maxime «connaître mille vies en une seule ». Fatima Khalis, Faty pour les intimes et aujourd’hui pour le public, a 50 ans cette année et elle a déjà connu mille vies (et ce n’est pas fini).

Mannequin à Casablanca quand elle avait 15 ans, elle rencontre un diplomate belge à 27 ans qu’elle épousera trois mois plus tard. Son destin est en marche. Avec lui, elle fera le tour du monde au gré des affectations de son mari. Amérique latine, Afrique, Asie… Faty passera 17 ans entre les quatre coins du monde et elle aura la chance de rencontrer les gens les plus aisés de la planète.

 

Entretien

DiverCite.be : Faty Khalis, parlez-nous de vous et de votre enfance au Maroc.

Faty Khalis : Je suis née un 11 novembre et je suis issue d’une famille avec 6 sœurs et un frère. Ma mère s’est mariée à 14 ans, mais je peux dire que nos parents nous ont élevés avec beaucoup de liberté, mais en exigeant de nous que l’on soit responsable. À 15 ans,  j’ai commencé à faire du mannequinat et cela a duré quelques années. En 2000 j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari, un diplomate belge, j’avais alors 27 ans. Nous avons vécu 3 ans en Libye puis nous avons enchainé avec d’autres pays comme la Syrie, la Chine ou la Colombie. Nous avons divorcé en 2017 et je me suis retrouvée sans emploi. Comme épouse de diplomate, pendant mon mariage, je n’avais pas le droit de travailler.

DiverCite.be : c’est à ce moment-là que vous avez commencé à faire de votre hobby un métier ?

Faty Khalis : J’ai travaillé très dur pour prouver mes mérites. Cela fait maintenant 6 ans que je suis cheffe de cuisine. Après seulement 6 mois d’activité, j’ai reçu le Prix prestigieux Gault&Millau. Je suis aussi classée 15e sur 380 femmes, car nous ne sommes que 380 femmes cheffes de cuisine en Belgique.

 

DiverCite.be : depuis quand avez-vous cette passion pour la cuisine ?

Faty Khalis : je l’ai toujours eu, mais elle est devenue plus grande après mon mariage. À la maison, chez mes parents, il y avait toujours quelqu’un pour cuisiner, mais je me souviens que j’étais très critique, j’aimais trouver ce qui ne fonctionnait pas et ajouter des ingrédients. Lorsque je me suis mariée, je me suis retrouvée dans cette vie diplomatique, on recevait beaucoup de gens et nous-mêmes, nous étions souvent invités. À chaque mutation, je découvrais une culture et une gastronomie différente. Aujourd’hui, je tente de mélanger des goûts et des ingrédients qui viennent aussi des pays où j’ai vécu. Mon challenge est de rassembler les pays dans un seul plat. Le dernier a été un mix de tacos et de sushis, une rencontre entre le Mexique et le Japon. Je le fais aussi avec le houmous méditerranéen et l’Octopus portugais, par exemple.

 

DiverCite.be : comment définiriez-vous votre métier  ?

Faty Khalis : il est devenu une nécessité. Je me suis dit que la chose que je savais faire c’était la cuisine. Il ne faut pas oublier que les femmes de diplomates n’ont aucun statut. Vous ne pouvez pas travailler, mais vous n’êtes pas non plus reconnues pour votre fonction d’épouse et ce que cela implique en termes d’investissement dans la mission qui est confiée à votre conjoint. Je n’allais pas retourner sur les bancs de l’école et donc je me suis lancée comme cheffe.

DiverCite.be : quand avez-vous réellement commencé à gagner votre vie en cuisinant ?

Faty Khalis : avec une amie japonaise, nous avions ouvert un lunch-bar et comme j’avais appris à faire des sushis lorsque nous étions affectés à l’ambassade de Belgique en Chine, j’ai appris à les faire là-bas. C’est avec ce lunch-bar que j’ai commencé à gagner ma vie. Cela a duré un an, puis je me suis dit que je n’allais pas passer ma vie à rouler des sushis, car je savais faire autre chose. J’ai vécu en Colombie, je connais aussi très bien la cuisine sud-américaine, j’ai appris comment cuisiner des fruits… En Chine, j’ai appris la cuisine asiatique, également à Singapour, puis en Syrie avec sa cuisine méditerranéenne, le Liban et, évidemment, la cuisine marocaine. Toutes ces expériences servent aujourd’hui mes plats.

DiverCite.be : En tant que représentants de la diplomatie belge, proposiez-vous  à vos hôtes de l’ambassade de la cuisine belge ?

Faty Khalis : oui, évidemment, mais je m’arrangeais toujours pour y ajouter une touche arabe (rire). Il y avait toujours un peu de cumin par-ci, par-là ou un peu de safran.

 

 

DiverCite.be : Comment  êtes-vous arrivée à l’étape qui est celle que vous connaissez aujourd’hui dans votre cheminement de cheffe de cuisine ?

Faty Khalis : trois amis architectes qui adorent manger et aller au restaurant ont entendu parler de moi et ils m’ont proposé de monter un restaurant. J’ai été vraiment heureuse de le faire parce que j’avais carte blanche. Je pouvais cuisiner tout ce que je voulais. Cela a très bien marché puisque j’ai eu 12/20 au Gault&Millau, ce qui est vraiment très bien pour quelqu’un qui venait d’ouvrir un restaurant. Il y a des restaurants qui attendent des années avant de pouvoir avoir une note de cet organisme et j’ai eu la chance de l’avoir seulement après six mois d’ouverture. Trois mois plus tard, j’ai été sélectionnée pour participer au programme de «Lady chef of Belgium» et comme je vous le disais, j’ai été sélectionnée 15 -ème sur 380 femmes. Aujourd’hui, je viens d’accepter un poste dans un restaurant étoilé.

Pour en savoir plus sur Faty Khalis ici

 

 

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