Pépé, le putois accusé de sexisme 

Pépé le putois, cette petite moufette rayée noire et blanche des dessins animés Looney Tunes et principalement connue pour ses numéros de « drague ». Mais depuis quelques mois, les tentatives de séduction de l’animal ne font plus rire le public.

Le 3 mars 2021, le journaliste Charles M. Blow publie un édito dans le New York Times dans lequel il accuse Pépé le putois de « normaliser la culture du viol ». Presque au même moment, on apprend que la société de production américaine Warner Bros a décidé de couper Pépé au montage du film Space Jam: A New Legacy (sorti en juillet dernier) et de l’écarter des prochains dessins animés Looney Tunes.

Un « french lover » trop insistant ! 

Créé en 1945 par le dessinateur Chuck Jones, Pépé le putois est perpétuellement à la recherche de l’amour. Confiant, il fait à chaque épisode la cour à la même chatte, Pénélope, pensant qu’il s’agit d’une nouvelle moufette. A chaque épisode, Pénélope refuse ses avances et se sauve, rebutée par l’odeur nauséabonde du putois.

Mais Pépé ne se contente pas de draguer. Il a pour caractéristique principale d’être particulièrement insistant, jusqu’au harcèlement. Comme l’explique Charles M. Blow qui commente une scène pour illustrer son propos : « il attrape et embrasse une fille qu’il ne connaît pas, de manière répétée, sans son consentement et contre sa volonté. Elle se débat fortement pour lui échapper mais il ne la relâche pas. Il verrouille la porte pour l’empêcher de fuir ».

Par ailleurs, si Pépé le putois est plutôt perçu comme un personnage ridicule dont il faut rire (notamment à cause de l’odeur qu’il dégage), son comportement n’est que très peu remis en cause dans les épisodes. Pépé est décrit comme un Don Juan au fort accent français, comme une « caricature du french lover ». Mais jamais il n’est décrit comme une « caricature du harceleur ». Pire, les créateurs ne donnent jamais la parole à Pénélope, qui reste muette. Elle se contente de miauler ou ronronner, et n’a pour rôle que celui de la cible malheureuse.

Pépé, une victime de la « cancel culture » ?

Ces dernières années, les apparitions de Pépé le putois à la télévision se font de plus en plus rares. En cause, son comportement. Ce qui était autrefois perçu comme un running gag comique ne fait plus autant rire. Plus que d’avoir mal vieilli, Pépé est accusé de banaliser la culture du viol et d’être un mauvais exemple pour le public.

Cependant la décision des studios Warner Bros d’écarter Pépé de Space Jam ne fait pas l’unanimité et ranime le débat autour de la « cancel culture » à Hollywood. Le comédien Gabriel Iglesias, qui est la voix de la petite souris mexicaine Speedy Gonzales a aussitôt tweeter : « Tu ne peux pas m’attraper cancel culture ». Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un personnage de dessin animé est écarté ou modifié. En 2020, le fusil du chasseur Elmer a été abandonné pour respecter les manifestations contre les armes à feu aux Etats-Unis.

Pépé n’est d’ailleurs pas le seul en ligne de mire cette année. Peter Pan et sa représentation des « Peaux-rouges » fait débat, tout comme le chat asiatique aux yeux bridés des Aristochats. Si certains y voient de la censure et du politiquement correct, d’autres y voient la réparation nécessaire d’un grand sentiment d’injustice.

Ainsi, si l’actrice de Space Jam, Greice Santo, explique regretter l’éviction de Pépé, ce n’est pas parce qu’elle y voit un exemple de « cancel culture », mais justement parce qu’elle avait à cœur que ce comportement problématique soit corrigé. Dans la scène coupée, Pépé le putois explique au basketteur LeBron James être sous le coup d’une ordonnance d’éloignement. Le basketteur lui fait alors la leçon en lui expliquant l’importance du consentement. Une scène éducative sur le sujet du harcèlement sexuel qui prouve qu’une des solutions peut aussi être l’évolution des personnages.

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