Le 20 septembre prochain auront lieux les élections fédérales canadiennes. Parmi les candidats, Jagmeet Singh.
Porter un turban, être membre d’une assemblée législative et occuper la position de chef d’un parti politique en briguant un poste de premier ministre ? C’est possible… au Canada !
Jagmeet Singh est né en 1979 à Scarborough, à l’est de Toronto. Il grandit entre le Pendjab, en Inde, Terre Neuve et Windsor en Ontario. Il connait une enfance compliquée faite de brimades et d’intimidations. Singh est pourtant issu d’un milieu intellectuel (son père est psychiatre et sa mère est enseignante). Il est l’ainé d’une fratrie de quatre enfants.
Il se rêve un temps médecin, mais c’est la biologie qu’il étudie. Il commence des études de sciences informatiques puis bifurque vers le droit et finit par devenir avocat pénaliste.
Jagmeet Singh a la fibre sociale qui lui colle à la peau. Il met en place des séminaires juridiques gratuits et propose ses services pour des organisations communautaires. Dans un article publié en 2012, dans un journal local, il reconnait que sa carrière d’avocat pénaliste a favorisé son envie d’entrer en politique.
Candidat à l’élection fédérale de 2011 pour le NPD (Nouveau Parti Démocratique)
Son entrée en politique se fait en 2011 après avoir été déçu par le peu de cas fait, par les autorités canadiennes de l’époque, de la demande d’un groupe militant sikh, d’interdire la venue du ministre indien du commerce : Kamal Nath. Celui-ci était alors accusé d’avoir participé à des émeutes anti-sikhs, début des années 1980, dans son pays. Jagmeet Singh ne gagnera pas les élections fédérales de 2011 mais il a le pied à l’étrier.
La même année, lors des élections provinciales cette fois, Singh est de nouveau candidat dans le Bramalea-Gore-Malton, une circonscription électorale fédérale et provinciale en Ontario. Il parvient à défaire le libéral sortant. Jagmeet Singh devient le premier député provincial du Nouveau Parti Démocratique à représenter la Municipalité régionale de Peel (à l’ouest de Toronto) et le premier député enturbanné dans une législature en Ontario.
Mais l’avocat des démunis est aussi très impliqué dans le devoir de mémoire. En 2013 une loi de son initiative est adoptée. Cette loi fait d’avril le mois du patrimoine sikh dans la province où il est élu : l’Ontario. Il dira pour expliquer la nouvelle résolution : « Une occasion de se souvenir, célébrer et éduquer les futures générations à propos des Canadiens sikhs et du rôle important qu’ils ont joué et continuent de jouer dans les communautés à travers l’Ontario ».
Jagmeet Singh revendique le droit de porter des signes religieux. Vivre sa religiosité fait partie de l’accomplissement personnel de l’individu dans la société. La défense des droits des LGBTQ+, du droit à l’avortement, des mariages gays… tout s’inscrit, selon lui, dans une dynamique des libertés individuelles inaliénables. Mais il maintient néanmoins la nécessité de garder séparés l’église et l’état.
Le Canada prêt à élire un premier ministre issu de la diversité ?
Même si le Canada fut souvent précurseur dans de nombreux domaines liés aux évolutions sociétales, l’élection d’un représentant politique en turban au poste de premier ministre reste peu probable. Certes, Justin Trudeau, l’actuel premier ministre, ne convainc plus les Canadiens mais Jagmeet Singh reste un candidat dans lequel beaucoup de Canadiens ne se reconnaissent pas. Ceci étant dit, le libéral Trudeau baisse dans les intentions de vote à l’approche des élections. Le 29 août dernier, un sondage lui accordait 31 % des intentions de vote contre 32 % pour les conservateurs. le Nouveau Parti Démocratique de Jagmeet Singh ne fait quand à lui pas plus de 20 %.

Mais si Jagmeet Singh apparait comme un extra-terrestre dans le paysage politique canadien, un autre sikh, Harjit Sajjan est quant à lui déjà assis dans un siège de pouvoir.
Né en Inde et arrivé au Canada à l’âge de 5 ans, il grandit à Vancouver. Cet ancien détective du service de police de Vancouver et lieutenant-colonel du « British Columbia Regiment » occupe le poste de ministre de la défense depuis 2015. Très apprécié par Justin Trudeau, il sera néanmoins très critiqué lorsqu’il remet des prisonniers de guerre afghans aux autorités afghanes. Ceux-ci ne se privant pas de pratiquer la torture sur leurs détenus. Le ministre du gouvernement Trudeau sera aussi accusé d’avoir participé à des opérations d’enlèvements et de transferts de prisonniers. En 2011, la même année de l’entrée en politique de, Jagmeet Singh, il devient le premier Sikh à commander un régiment de l’Armée canadienne.
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A Miami, un ingénieur chef du comté est un Sikh. Je l’ai vu plusieurs fois sur des chantiers en rue. Il ne passe pas inaperçu.