Une marche contre l’antisémitisme ce dimanche 10 décembre à Bruxelles

Ce dimanche 10 décembre, nous célèbrons la Journée internationale des droits de l’Homme. Dans la foulée, c’est le 75e anniversaire de la déclaration universelle, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948. Trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la révélation des atrocités commises à l’encontre du peuple juif, il était impératif de rédiger un document, premier jalon dans la mise en place de droits «fondamentaux et inaliénables » pour rappeler que tous les êtres humains, quel que soit leur statut, leur nationalité, leur race ou leur religion étaient égaux.

Trente articles sont donc rédigés dont celui stipulant le «droit à la vie» qui semblerait aller de soi, mais qui, après les affres de la guerre, devait être rappelé.  Ce texte stipule également que « tout être humain doit pouvoir  jouir de la liberté et être protégé ». Droit à la liberté d’expression, au travail dans des conditions équitables, à l’éducation, à un niveau de vie suffisant pour « assurer sa santé et son bien-être »

Cette déclaration rédigée dans l’urgence (nous ne sommes que deux ans après le procès de Nuremberg où furent jugés de hauts responsables nazis dont Hermann Göring, Rudolf Hess ou encore Joachim von Ribbentrop) semble aujourd’hui plus que jamais fragile tant ses principes, même les plus élémentaires, continuent d’être violés. Qu’ils le soient par des nations autoritaires qui ne les ont jamais reconnus est une chose, qu’ils soient bafoués par des États démocratiques et signataires comme c’est le cas pour les États-Unis ou l’Etat hébreux, cela suscite la perplexité.

Israël a signé la Déclaration universelle des droits de l’homme dès sa publication en 1948, mais s’est joint aussi à d’autres traités internationaux relatifs aux droits de l’Homme, comme le « Pacte international relatif aux droits civils et politiques » ratifié en 1991, le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, la Convention contre la torture, les traitements cruels, inhumains ou dégradants ou encore la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée également en 1991.

Ces ratifications nous disent l’engagement d’Israël quant à sa volonté de protection et de promotion des droits de l’Homme à l’échelle internationale depuis sa création. Cependant quid des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés ?  Dans Gaza sur le point d’être rasée et rayée de la carte ? Des innocents obligés de fuir dans le sud de la bande Gaza exsangue ?

Ce dimanche 10 décembre, sera organisée à Bruxelles une marche nationale contre l’antisémitisme. Les organisateurs attendent plusieurs milliers de personnes. Initiative utile sur l’importance de ne pas sous-estimer le fléau de l’antisémitisme, mais attention à ne pas confondre les causes et les combats.

Critiquer Israël  (comme on critiquerait la Russie, la Corée du Nord ou la Chine), ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme. La confusion reste patente et jamais suffisamment relevée. On peut critiquer la politique, les méthodes d’un gouvernement israélien, tout en respectant le droit au peuple juif d’avoir un Etat où il se sent en sécurité.

Lors d’un récent entretien mené avec l’historien Joël Kotek pour la revue française Ecran de Veille, celui-ci va plus loin et affirme : On peut même être hostile à l’idée d’un État juif et à la politique d’Israël, sans être suspect pour autant d’antisémitisme et ce, quand bien même, depuis la Shoah, cet antisionisme de principe peut paraitre suspect. « 

La marche contre l’antisémitisme organisé par Joël Rubinfeld, le président de la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA), le Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) et le Forum der Joodse Organisaties aurait gagné en éclat et en pouvoir fédérateur si à la cause s’était jointe la dénonciation des crimes perpétrés à Gaza depuis deux mois. Scinder les deux au lieu de les associer, divisent ceux qui devraient se rassembler.

Les organisateurs espèrent y voir des gens de toutes les cultures, toutes les nationalités, toutes les religions, mais le timing est mauvais, l’émotion à fleur de peau, la certitude (réelle même si absurde) que défendre un camp (ou marcher pour une cause) c’est trahir l’autre camp.

Chacun marche sur des œufs, la parole antisémite se confond avec celle antisioniste sur les réseaux sociaux, dans la rue… et ce grand gloubi-boulga fomente une absence de raisonnement éclairé sur ce qu’il faut défendre et ce qu’il faut dénoncer. On le sait, ce conflit sera récupéré par l’extrême droite qui n’a pourtant jamais porté la communauté juive dans son cœur, mais elle a le don de flairer l’air du temps et celui de trouver la voie à fouler à ses fins électoralistes.

Pour mobiliser des milliers de personnes contre l’antisémitisme le jour anniversaire de la Déclaration des droits de l’Homme de l’ONU, les organisations juives progressistes comme l’Union des progressistes juifs de Belgique, Een Andere Joodse Stem et le Collectif Shabbes 24/7 ont choisi de venir marcher mais elles le feront sous « forme d’un bloc antiraciste ». Elles disent : « Nous sommes conscients que la lutte contre l’antisémitisme est largement instrumentalisée, notamment à des fins racistes et islamophobes ».

Le  Bloc juif féministe et antiraciste demande à ce que l’extrême droite soit interdite. Une marche pour toutes les victimes, contre toutes les haines, toutes les formes de racisme, tous les préjugés, aurait évité toute récupération politique.

 

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