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Quitter son pays pour rejoindre, à la nage, le continent européen au péril de sa vie, c’est le cas de milliers d’hommes et de femmes depuis le Maroc vers la ville autonome espagnole de Ceuta. Revendiquée par le Maroc depuis 1956, Ceuta est espagnole depuis le 16e siècle même si elle est située sur la côte nord de l’Afrique avec une frontière sèche avec le Maroc. Depuis les villes côtières marocaines, nous ne sommes qu’à un jet de pierre de ce morceau d’Europe en Afrique. Comment dans ces conditions, ne pas rêver de l’Europe si proche et si éloignée à la fois ?
Les migrants tentent l’aventure de l’émigration à la nage ou en escaladant les clôtures frontalières qui séparent l’enclave du Maroc. Ceuta et Melilla, l’autre ville espagnole située sur la côte marocaine, sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique.
Les arrivées ont émaillé toute la journée de ce 16 mai 2021 jusqu’à 20h et les Espagnols évoquent une journée « record’ avec 2 700 personnes, dont un millier de mineurs. A la nage ou en utilisant de simple bouées gonflables ou encore sur des canots pneumatiques. Certains ont attendu la marée basse pour accomplir le périple alors que d’autres ont tenté de franchir la frontière par voies terrestres.
Ceuta et Melilla villes à part dans l’Union Européenne
C’est en octobre 2005, lorsque des clandestins sont tués par balles par des gardes-frontières parce qu’ils tentaient de franchir les grillages entourant les deux villes enclavées, que les Européens ont découvert, dans leur grande majorité l’existence de Ceuta et Melilla. Villes vestiges d’un empire colonial révolu, portes de l’Europe pour des dizaines de milliers d’africains fuyants la misère et la sécheresse. La situation de ces deux villes préoccupe l’UE qui tente d’endiguer le flot de l’immigration clandestine depuis des années.
Les événements dramatiques de Ceuta et Melilla de 2005 où des migrants subsahariens ont payé de leur vie leur tentative de franchissement de la frontière entre le Maroc et l’Espagne ont révélé la façon brutale dont l’Union européenne « délègue » sa politique d’asile et d’immigration. Les gardes civils de Ceuta se plaignent du manque de soutien des autorités espagnoles qui elles-mêmes estiment ne pas suffisamment en recevoir de l’UE.
En attendant, des êtres humains meurent noyés en Méditerranée ou renvoyés chez eux non, sans avoir réalisé l’aventure impossible qu’est le franchissement de la frontière entre l’Afrique et l’Europe.