« Ah! Les jolies colonies » le dernier spectacle de Ben Hamidou avec une mise en scène de Gennaro Pitisci, du 16 au 26/02 Aux Riches Claires

 

Ben Hamidou
Ben Hamidou

Du 16 au 26 février prochain, se joue pour dix dates, au théâtre des Riches Claires, un spectacle qui met en scène le comédien Ben Hamidou. Très connu de la scène théâtrale bruxelloise, Ben Hamidou aime à revisiter le passé pour en offrir une lecture à la lumière du présent. Après « Sainte Fatima de Molem », « Gembloux » ou encore « Les enfants de Don Juan », il nous propose en ce début d’année un seul en scène  « Ah! Les jolies colonies ». C’est son ami de longue date Gennaro Pitisci, metteur et scène, dramaturge et directeur du théâtre Brocoli, qui l’accompagne, comme ce fut le cas déjà sur plusieurs autres créations. Divercite.be les a rencontrés à Saint-Josse-ten-Noode, entre deux répétions.

Divercite.be : Que raconte ce spectacle ?

Ben Hamidou :  Ce spectacle évoque une période de ma vie, j’avais 6 ans et on m’a éloigné de ma famille pour intégrer une colonie de vacances, nous sommes en 1970 et ce fut un vrai traumatisme.

Divercite.be : Comment est né l’idée d’en faire une pièce ?

Ben Hamidou : Au départ, on voulait faire un autre spectacle prévu en duo avec le comédien Sam Touzani. Déjà sur cette idée des colonies de vacances. Il faut savoir que Sam, autant que moi, les a connus dans les années 1970. La vie étant ce qu’elle est, Sam a créé d’autres choses et il n’était plus dans cette démarche. Gennero Pitisci m’a alors proposé de le faire seul.

divercite.be : Entre le moment où on en parle et le moment où on le fait qu’est-ce qui motive la décision finale ?

Gennaro Pitisci : L’envie de montrer des personnages et en l’occurrence ici, de manière autobiographique, l’enfant que Ben Hamidou était et qui a été confronté à un changement très brutal : arraché à sa famille et confié à des inconnus sans aucune explication au petit garçon qu’il était. Aujourd’hui encore, dans sa mémoire, la  durée de cette séparation reste indéterminée.

Ben Hamidou : Oui, je rejoins Gennaro. J’avais entre 6 et 7 ans et, du jour au lendemain, moi le fils unique l’«empereur» de sa grand-mère, je me retrouve extrait de chez moi et placé à plus de 100 km avec des inconnus et sans aucune explication sur ce placement.

Divercite.be : Vos souvenirs sont intacts ?

Ben Hamidou : Non, c’est plutôt brouillon dans mon esprit. Par contre, j’ai des documents qui appartenaient à mon père et que je n’avais jamais pris la peine de consulter avant de travailler sur ce projet. Là, j’ai compris pourquoi on m’avait placé là-bas. La maladie de mon père en était une des raisons mais aussi la séparation avec ma mère, etc. Ces documents m’ont permis de me replonger dans ce passé.

Gennaro Pitisci : Pour compléter, il faut savoir que cela s’est passé au moment où les parents de Ben étaient séparés. Son père et lui partent alors chez la grand-mère et peu de temps après on doit opérer la vieille dame. Là, elle disparaît pendant deux semaines. Son père travaille tous les jours, part tôt et revient tard. A ce moment-là, la mutuelle viendra apporter son aide à cette famille et prendra en charge l’enfant pendant ce laps de temps.

Divercite.be : Comment s’est produit le travail de collaboration entre vous ?

Ben Hamidou : J’apporte la matière et Gennaro fait avec moi un travail de fond où il me pousse à aller encore plus loin. Il ne se contente pas de ce que je dis, il cherche au-delà. Mais ses questions me sont très utiles aussi car elles font souvent échos en moi et des choses émergent à ce moment-là.

Divericte.be : Ce fut douloureux de laisser tout cela remonter à la surface ?

Ben Hamidou : Oui mais, finalement, comme on le dit à un moment dans le spectacle, il y a des choses vraies, des choses un peu moins vraies et des choses qui ne sont pas du tout vraies. Et cela, c’est la base même du théâtre. A partir de quelque chose qui vient du réel, on entre dans la fiction. Mais ceci dit, c’est vrai, quand je lis des passages du texte, c’est très émouvant. Là je me dis : « waouw, à 6 ans, comment j’ai fait ?»

Divercite.be : Un souvenir plus difficile qu’un autre ?

Ben Hamidou : La nourriture ! Tu manges ce que tout le monde mange sauf que mon corps ne l’acceptait pas. J’en ai gardé des séquelles. Je ne mange ni de compote, ni de boudin (rire). Ou encore l’américain préparé qui était pour moi une vraie souffrance. Les animateurs de cette colonie se mettait devant toi et il fallait tout terminer.

Divercite.be : Gennaro Pitisci, vous travaillez avec Ben Hamidou depuis 1995 et vous avez collaboré à plusieurs spectacles celui-ci est-il différent des autres dans son élaboration ?

Gennaro Pitisci : Je dirais qu’il y a ici une nouveauté dans la continuité de notre binôme. La nouveauté: nous avons évité tout ce qui pouvait être politique ou philosophique. On ne parle ni de la religion, ni des musulmans. Il y a donc là quelque chose de nouveau mais on se sent aussi un peu dénudé quand on enlève ce qu’on en a l’habitude de mettre.

Divercite.be : Quel est le message de ce spectacle ?

Gennaro Pitisci : Un enfant confronté à un changement brutal. On sait qu’il y aura, une fois l’épreuve traversée, un avant et un après. A l’image de ce Covid. Être confronté à un changement brutal vous transforme. Mais voilà, la vie continue…

Divercite.be : Un avant et après pour vous aussi Ben Hamidou ?

Ben Hamidou : C’est clair, parce que cela me replonge quand même dans des choses qui sont très intimes et sacrées. Donc oui ! Ça va créer des cataclysmes dans la famille. Ça va faire bouger les choses.

Divercite.be : C’est un travail que vous auriez pu faire avec une autre personne que votre ami de toujours Gennaro Pitisci ?

Ben Hamidou : Il faut être très intime pour faire ce genre de revisite. Gennaro est quelqu’un qui me connaît bien. Il sait sur quel bouton il faut pousser pour me faire réagir.

Gennaro Pitisci : Il y a une grande pudeur quand même. On ne touche pas à sa famille comme ça. Il a le côté narcissique, comme tout comédien, mais rien ici n’est un exhibitionnisme. Il n’aime pas trop dénoncer ce qui s’est passé dans sa famille. Montrer ce qui est peut-être moins reluisant. Ce fut donc une balance permanente entre ce qu’on va oser dire et ce qu’on ne va pas dire.

Divercite.be : Si vous deviez résumer l’atmosphère de cette pièce, comment le feriez vous ?

Ben Hamidou : C’est un univers proche de celui de l’enfance mais qui s’adresse aux adultes. C’est plutôt rare comme démarche. Ici, se met à nue l’enfant qui est en moi, l’enfant qui était en moi et qui l’est toujours puisque cela me permet de le jouer. C’est un univers très gai et je pense que cela l’est aussi pour Gennaro.

Gennaro Pitisci : J’aime travailler avec des gens qui ont des choses à transmettre. Qui ont des choses à nous raconter. Il y a des gens qui semblent transporter un monde avec eux. Dès qu’ils ouvrent la bouche, on vient d’avoir une bribe de ce monde et on a envie d’entrer et d’en savoir plus.

Date du spectacle :

Le 16/02 à 19:00
Le 17/02 à 14:00
Le 17/02 à 20:30
Le 18/02 à 20:30
Le 19/02 à 19:00
Le 21/02 à 20:30
Le 22/02 à 20:30
Le 23/02 à 19:00
Le 24/02 à 20:30
Le 25/02 à 20:30
Le 26/02 à 19:00
 Infos et réservations 02/548 25 80
Avec Ben HAMIDOU

Texte : Ben HAMIDOU Gennaro PITISCI Maïté RENSON

Mise en scène : Gennaro PITISCI, assisté de Maïté RENSON

Régie : David VERNAILLEN Josse DERBAIX

 

 

 

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