Il fallait s’y attendre et il ne faut pas être devin pour deviner que, dès l’annonce de l’attaque au couteau commise par un réfugié syrien, le débat sur l’immigration allait reprendre du souffle et de l’élan. C’est normal, chaque fait divers, aussi atroce soit-il, qui met en cause un migrant, est l’occasion en or massif pour la droite et l’extrême droite françaises d’aiguiser leurs diatribes. Les mots les plus rudes ont été prononcés, jusqu’à évoquer « une perte de souveraineté face à l’Europe. »
Eric Ciotti, Président des Républicains qui n’a pas pour habitude de prendre des gants quand il évoque l’immigration, dit au micro de France 2 que « Derrière cette affaire, il y a un chaos migratoire qui bouleverse l’Europe et frappe la France ». Une sentence radicale qui englobe ainsi tous les migrants et tous les pays européens du nord jusqu’au sud.
Marine Le Pen, elle, diagnostique des défaillances dans le suivi du Syrien, auteur de l’attaque, et déplore « que nous ne soyons plus décisionnaires de qui entrent dans notre pays ». La présidente du FN qui a toujours été très critique vis-à-vis de l’Union européenne trouve ici le manche du fouet pour battre l’Institution où elle a siégé près de 13 ans pour finalement la combattre férocement.
Six personnes, dont quatre très jeunes enfants, ont été blessés dans cette attaque et dès que la confirmation est tombée que l’auteur était un Syrien, la droite a sursauté de son aile pour évoquer l’islamisme » et le « terrorisme ». Qui d’autre ? Peu après, déception sans doute, le Syrien de 32 ans, d’abord réfugié en Suède, serait un chrétien d’Orient. Aux dernières informations fournies par le parquet d’Annecy, le mobile ne serait pas terroriste, mais vraisemblablement celui d’un déséquilibré.
Sursaut du vice-président de LR, François-Xavier Bellamy, qui affirme que cette fausse polémique est bien une conséquence de la faillite de « notre politique migratoire ».
D’abord venu en Suède où il a eu un enfant, le meurtrier remet en question la politique migratoire de tout le territoire de l’UE qui se sent responsable d’ouvrir la porte de manière trop large.
Hasard du calendrier, dans quelques jours, les ministres de l’Intérieur doivent se mettre d’accord « sur une réforme de la politique migratoire, prévoyant notamment un système de solidarité entre États pour l’accueil des réfugiés».