Le 7 octobre dernier, des êtres humains ont été victimes d’atrocités sans nom. Des terroristes du Hamas, sous couvert de la défense de la cause palestinienne, s’en sont pris à des innocents commettant sur eux des exactions inimaginables. Le monde entier s’en est profondément ému. Comment ne pas l’être ? Des enfants, de jeunes adolescents, des vieillards, des pères et des mères de famille… Les bourreaux n’ont fait aucune distinction.
Ce qu’Israël a vécu ce fameux samedi, jour de Chabat, personne ne l’aurait cru possible en 2023. Ils ont été commis avec une telle facilité, à la frontière d’une région, la bande Gaza, pourtant la mieux gardée au monde et cerclée par un mur aux allures infranchissables.
Comme beaucoup, je suis restée rivée devant les chaines d’infos continues françaises pour tenter de savoir, de voir, de comprendre, d’analyser, d’être un témoin direct de ce qui semblait être un cauchemar que nous vivions éveillés.
Plus les jours passaient, plus je réalisais qu’un étrange ballet se jouait sur les plateaux de télévision. La grande majorité des médias télévisuels, mais aussi de la presse écrite et de la radio en France (comme en Belgique d’ailleurs à certains égards) instauraient un climat très lourd et très déséquilibré marqué par l’exhortation à condamner les actes du Hamas – ce qui paraît être le bon sens – mais – et c’est là que le bât blesse – en occultant de manière forcenée les réalités du vécu des Palestiniens.
Tout invité qui tentait une incursion dans l’explication (non pas de l’horreur commise, il n’en existe pas) d’un conflit vieux de plusieurs décennies se faisait immédiatement recadrer. Des pontes du journalisme, d’habitude si alerte et critique, jouaient les garde-fous d’une quelconque envie de son invité de faire un topo historique qui, à défaut de poser les jalons de l’aboutissement du drame commis, pouvait au moins expliquer pourquoi de jeunes palestiniens trouvent dans le Hamas l’incarnation d’une pseudo solution au conflit dont ils n’ont pas connu le début et dont ils ne visualisent pas la fin.
La contextualisation à visée explicative place derechef l’intervenant dans un camp, celui de l’autre, dont l’empathie pour Israël est mise en cause. Cette pensée unique, cette réflexion empêchée, cette mise à l’écart par une parole abrégée par celui sur qui repose la conduite du débat, n’est pas neutre mais elle m’a placée très rapidement dans un état d’ahurissement.
Si cela ne concernait que les émissions de « divertissement » nous pourrions trouver cela désolant, mais lorsqu’il s’agit de grandes émissions d’informations et de débats, de lieux où la neutralité et l’esprit critique doivent être érigés en valeurs cardinales, cela renvoie ces TV à ce qu’elles sont devenues: des lieux de production d’une idéologie à vocation dominatrice. En soi, cela m’a paru effrayant, pire sans doute, dangereux.
Durant les jours qui ont suivi les drames du 7 octobre, un seul point de vue a été favorisé. Encore une fois, non pas sur les massacres dont rien ne peut justifier l’atrocité, mais invoquer la genèse du conflit, décortiquer les soubresauts d’une population exsangue, tenter une approche éclairante sur l’état d’une jeunesse palestinienne désœuvrée et c’est immédiatement une levée de boucliers qui vous réduit au silence dans l’instant.
Les jours à venir à Gaza s’annoncent sombres et pour longtemps. Il appartient aux médias de revenir à leur mission première: informer sans partis pris et relayer sans concession et avec la plus grande objectivité les atrocités qui s’y vivent, quels qu’en soient les auteurs.