Crise économique : 18 % des enfants en Wallonie connaissent des situations de privation.

Depuis la rentrée, l’actualité ne cesse d’évoquer les jours sombres qui nous attendent et les restrictions qu’il va falloir observer pour amorcer l’hiver de la manière la plus sereine.

Nous vivons une époque anxiogène, un été de canicule comme nous n’avons jamais connu, une flambée des prix de l’énergie et une inflation qui a grimpé de 9,62% à 9,94% en août dernier ( selon les statistiques Statbel).

Cette crise, les plus anciens d’entre nous s’en souviennent, nous l’avions connue en 1976, avec une inflation qui avait atteint alors les 9,96% et, étrangement, une canicule égale à celle que nous avons traversée cet été. À l’époque, comme aujourd’hui, l’inflation était en grande partie la conséquence des prix élevés de l’énergie. Après la pluie, le beau temps, comme à chaque moment de crise. Mais si l’orage nous le voyons arriver, ne pas en connaitre l’intensité nous prive de rêver aux jours heureux.

« En Wallonie, en 2021, environ 18 % des enfants (de 1 à 15 ans) vivaient dans une situation de privation »

Ces chiffres sont ceux de l’IWPS (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique) et ils brossent le portrait de la précarité observée en 2021. Les prochaines données seront publiées en 2025 et il est fort à parier qu’au vu des prédictions économiques des prochains mois, ils ne peuvent que s’aggraver.

Selon un article du Monde publié hier le 7 septembre, le dernier baromètre de la pauvreté et de la précarité réalisé par Ipsos pour le Secours populaire démontre « qu’ un nombre croissant d’enfants déclare connaitre des personnes pauvres, au sein de leur famille ou à l’école ».

La Wallonie est, depuis la fin de ses exploitations minières et industrielles, l’une des régions les plus pauvres d’Europe. Classée à la 142-ème place sur les 195 régions d’Europe ( la Flandre est à la 22-ème place et Bruxelles à la 189 -ème). Mais si la précarité des adultes reste une injustice, elle devient intolérable lorsqu’elle atteint les enfants.

Ainsi, d’après l’étude de l’IWPS, presque 1 enfant sur 5, pour des raisons financières, ne peut se permettre au moins trois des 17 biens et services suivants : « 1° remplacer les vêtements usés par des neufs , 2° avoir deux paires de chaussures, 3° manger des fruits et légumes chaque jour, 4° manger des protéines chaque jour, 5° avoir des livres adaptés à l’âge à son âge, 6° avoir des jeux d’extérieur (vélo, rollers), 7° avoir des jouets adaptés à son âge,  8° participer régulièrement à des activités de loisirs (sport, musique, mouvement de jeunesse), 9° célébrer des événements (anniversaires, fêtes religieuses), 10° inviter des amis chez soi, 11° partir une semaine en vacances par an, 12° participer aux excursions scolaires (payantes), 13° remplacer des meubles usés ou dégradés, 14° ne pas avoir d’arriéré de paiement (loyer, crédits, factures) 15° avoir un accès internet, 16° chauffer correctement le logement, 17° avoir une voiture. »

Cette enquête fut réalisée en interrogeant l’adulte de référence dans le ménage. Si les 12 premières questions touchent plus spécifiquement les enfants, les 5 suivantes relatent plutôt un confort en lien avec la famille dans sa globalité : enfants et parents. L’étude n’a tenu compte que des réponses affirmant que ces privations étaient la cause de raisons financières et non d’un choix d’éducation.

Comme dans toutes les études, il faut tenir compte d’une marge d’erreur mais, selon l’IWEPS, «On peut affirmer avec 95 % de certitude qu’en Wallonie, en 2021, le taux de privation des enfants se situait entre 13 % et 23 %. ». En Belgique, la Wallonie se positionne en deuxième place. Le taux est plus fort que celui de la Flandre, on s’en doutera, mais en dessous de celui de Bruxelles.

Les discours alarmistes d’hommes politiques, de la « fin de l’abondance » entonnée par Macron à l’attitude fataliste de De Croo à chacune de ses interventions, ne sont pas pour nous rassurer quant au sort des enfants déjà parmi ceux les plus en difficulté de notre pays.

En 2019 on comptabilisé 420.000 enfants en Belgique. En Wallonie, 1 sur 4 était considéré comme vivant sous le seuil de pauvreté.  À Bruxelles, la situation est pire, on parle ici de 4 enfants sur 10 qui vivent dans la précarité.

Sources : SILC 2021 ; Calculs : IWEPS – NB : Les intervalles de confiance sont indiqués pour les taux de privations et pour la proportion totale des personnes qui n’ont pas le bien mentionné (pas uniquement les autres raisons). L’item portant sur la présence d’un lieu adapté pour faire les devoir dans la maison a été ajoutéau graphique bien qu’il ne soit pas pris en compte dans l’indicateur synthétique.
Sources : SILC 2021 ; Calculs : IWEPS
Taux de privation des enfants en Belgique et dans les trois régions
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