Une enquête menée par Duo for a Job, une association spécialisée dans le parrainage sur le marché du travail, tirait récemment la sonnette d’alarme: la pandémie de COVID19 aggrave la situation de désavantage des jeunes d’origine étrangère. L’isolement social et la démotivation de certains compliquent une situation initiale déjà problématique. L’option du parrainage (buddying en anglais) entre jeunes et parrains, entre mentees et mentors, est prise de court dans la mesure où elle-même ne peut fonctionner efficacement qu’en présentiel.
Le parrainage comme stratégie d’intégration des publics de la diversité (nouveaux arrivants, réfugiés, jeunes issus de l’immigration, etc) est une méthode qui attire de plus en plus d’intérêt. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés en Belgique y a récemment consacré une journée d’étude centrée sur le cas particulier du parrainage des réfugiés. Cette rencontre a souligné l’importance de miser davantage sur ce dispositif. La Flandre l’a bien compris puisqu’elle envisage d’en faire le quatrième pilier de sa politique d’intégration.
Jusqu’ici les parcours d’intégration, tant en Wallonie qu’en Flandre, reposent sur trois piliers: l’apprentissage de la langue, l’insertion socio-professionnelle et l’orientation sociale. La Flandre considère que le parrainage, sur un plan individuel, pourrait devenir le quatrième pilier de sa politique de citoyennisation ou « inburgering ». Tôt ou tard, ce débat ne manquera pas d’arriver sur la table des gouvernements wallon et bruxellois.
Que faut-il en penser ? En première approximation, l’idée d’augmenter le réseau relationnel des publics de la diversité grâce à l’aide d’un parrain ne peut être vue que très positivement. Le capital social, constitué de réseaux relationnels, est une dimension importante de l’intégration. En même temps, la volonté individuelle n’est jamais suffisante pour produire l’intégration. Il faut parallèlement un engagement de la société à lutter contre les discriminations et à créer un cadre sociétal inclusif. C’est tout l’enjeu qui se profile par rapport à l’avenir des pratiques de citoyennisation et de parrainage: faire en sorte que la politique d’intégration soit le point d’équilibre entre volonté individuelle et acceptation/reconnaissance de la société d’accueil.