En France, la presse l’évoque de plus en plus. Nous vous en avions déjà parlé sur DiverCite.be. Pourtant, Eric Zemmour, journaliste connu pour ses prises de positions radicales et homme aux opinions ultraconservatrices, n’aurait pas encore pris de décision définitive.
Adoré ou haï, il ne laisse personne indifférent, tant il dénote dans le paysage médiatique français. Intelligent, maniant la langue de Molière comme pas deux, il est aussi extrêmement habile quand il s’agit d’adopter la posture de la victime lorsqu’il se sent piégé.
Mais Eric Zemmour, c’est aussi des phrases percutantes, aiguisées comme des couteaux de cuisine. Personne n’a oublié, au lendemain des attentats de Paris en 2015, cette diatribe particulièrement violente: « Au lieu de bombarder Raqqa, la France devrait bombarder Molenbeek. Raqqa en Syrie, Molenbeek en Belgique, d’où sont venus les commandos du vendredi 13 ».
Dans le monde politique français et parmi les intellectuels de gauche, beaucoup regrettent la part importante que lui accorde la presse pour exprimer ses préjugés raciaux, islamophobes et misogynes. Mais que Zemmour plaise ou déplaise, il crée le spectacle.
De parents juifs algériens originaires de Blida et de Constantine
Il reconnait ses origines berbères que son patronyme révèle, mais cela n’en fait pas pour autant un homme féru de diversité. La France au français, l’immigration et l’Islam cancer de la république… En 2010, en prévision de la coupe du monde, il dira de l’équipe allemande de Football : « à cause de sa diversité, elle sera battue par le Brésil (…) l’Allemagne gagnait quand il n’y avait que des dolichocéphales blonds ».
« C’était mieux avant, tout fout le camp »
Réactionnaire et nostalgique de la France « d’avant », regret des années 1960 de son enfance, de l’empire français sous Napoléon : « celui qui a unifié des populations disparates ». Nostalgie de De Gaule et d’une certaine idée de la grandeur républicaine, de l’assimilation des étrangers à la culture française, de l’absence de femmes voilées…
Aujourd’hui, et dans la perspective d’une potentielle candidature à la présidentielle en 2022, on s’interroge sur l’équipe prête à le suivre, le programme qu’il proposera, le nom du mouvement qu’il initiera, les potentiels financements pour mener campagne mais aussi les 500 signatures de maire de France, nécessaires selon la constitution, pour pouvoir prétendre à une candidature. Mais ses soutiens sont là et ils sont nombreux :« plus nombreux et organisés qu’on pourrait le penser » a confié Olivier Pardo, son avocat, à une chaine d’information continue française.
Reste qu’au-delà de ces considérations pratiques, Éric Zemmour est surtout un polémiste, un trublion des plateaux de télévision qui se gargarise de l’audimat qu’il suscite. Sa capacité à mener une campagne présidentielle et ses lacunes sur des sujets techniques lui seront un grand handicap. Selon, Paris Match, Loïk Le Floch-Prigent, ex-PDG de Elf et de la SNCF serait son conseiller sur les questions économiques. Pour le reste, il peut déjà compter sur plusieurs collectifs non officiels, qui œuvrent sur le terrain.
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Pour se développer, un végétal a besoin de terreau. Je pense que, comme pour Trump, il n’en manquera pas. Ce n’est pas l’homme qu’il faut viser, ce sont les conditions qui lui permettent de se développer.