Nawal El-Saadawi, féministe égyptienne, écrivaine et grande humaniste est décédée le 21 mars dernier. C’est à Kafr Tahla, au nord du Caire, qu’elle vient au monde le 27 octobre 1931. Son père est fonctionnaire et sa mère est issue d’une famille bourgeoise qui insiste pour que sa fille soit excisée à l’âge de six ans. Cette mutilation génitale sera une blessure qu’elle évoquera à presque chacune de ses interventions à travers le monde.. Bonne élève, Nawal entre en faculté de médecine dès 1949 et diplômée de l’université du Caire en 1955, elle étudie ensuite à l’université Columbia à New-York.
Figure essentielle dans la lutte pour l’émancipation des femmes dans le monde arabe, elle est emprisonnée en 1981 pour s’être opposée à la loi du parti unique sous le président Anouar el-Sadate. C’est dans son livre : « Mémoires de la prison des femmes » qu’elle évoque cette partie de sa vie. Libérée lorsque Hosni Moubarak est élu président, elle fonde en 1982 l’Association arabe pour la solidarité des femmes qui sera active jusqu’en 1991 avant d’être interdite.
Ses prises de position dans son pays lui valent d’être contrainte à l’exil à plusieurs reprises. Elle finira par revenir dans son pays et le 3 février 2011, elle apporte son soutien à l’élan démocratique du Printemps Arabe qui se manifeste sur la place Tahrir au Caire.
Elle a reçu de nombreuses distinctions à travers le monde comme le Prix du Conseil Supérieur de littérature en 1974, le Prix Littéraire de l’amitié franco-arabe en 1982, le prix littéraire de Gubran en 1988, ou encore le Prix suédois Stig Dagerman en 2012.
En 2007, nous avions eu la chance de la rencontrer lors de la remise du titre de docteure honoris causa à l’université libre de Bruxelles. Les éditions Lansman publie à cette occasion Isis, une pièce drôle et caustique, traduite de l’arabe par Xavier Luffin et adaptée en français par Emile Lansman.