Le personnel soignant étranger: les pays de l’OCDE ne peuvent plus s’en passer.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE ) a considérablement revu son approche quant à la reconnaissance des diplômes étrangers. Cette démarche a pour but  de faire appel plus aisément à des médecins et des infirmiers  formés à l’étranger pour faire face au Covid 19. Comme souvent lorsqu’un appel  d’air se fait depuis les pays riches, les états ne prennent pas en compte les répercussions sur les pays d’origines de ces travailleurs. La pénurie de personnel soignant pour les états riches doit aussi susciter une réflexion plus globale sur  la nécessité de répondre à la pénurie mondiale de personnels de santé.

S’il y a bien une chose, parmi d’autres,  que la pandémie  nous a révélé c’est la place qu’occupent médecins, infirmières  ou encore aides-soignants issus de l’immigration dans les hôpitaux et maisons de repos. En avril 2020,  Les mots de remerciement du premier ministre Boris Johnson aux équipes soignantes de l’hôpital londonien St Thomas ont marqué les esprits. A sa sortie,  il s’était  adressé à  deux infirmiers en particulier, Jenny, une néo-zélandaise, et Luis, un portugais,  qui l’ont veillé pendant 48 h lorsqu’il était encore aux soins intensifs.

Ces mots à destination du personnel soignant ont mis en lumière un fait qui n’a pas échappé à la population britannique, : leurs services publics en général et celui de la santé en particulier dépendent pour une grande part du personnel étranger. 

La Chambre des communes britanniques a révélé que 13,1 % du personnel de la National Health Service (NHS), le système de la santé publique du Royaume-Uni, n’a pas la nationalité britannique. Les chiffres sont encore plus édifiants en ce qui concernant les médecins : 37 % parmi eux ont décroché leur diplôme hors du Royaume-Uni et 40 % (britanniques ou non) sont d’origine ethnique « non blanche » (principalement asiatique).

Il est à retenir que la nécessité pour la Grande Bretagne d’avoir recours aux « BAME » (Britanniques noirs, asiatiques ou issus d’autres minorités) remonte à bien avant la pandémie et date des  années 1960 avec la forte immigration du Commonwealth et des ex-colonies britanniques. Aujourd’hui les services de santé britanniques sont, de loin, le premier employeur du pays. Indiens, Pakistanais… comblent la pénurie récurrente de médecins. Il manquerait au Royaume-Uni 40 000  infirmiers (chiffre du NHS de 2018).

16 % des infirmiers de l’OCDE sont nés à l’étranger

Au cours de la pandémie de COVID-19, de nombreux pays qui avaient déjà recours à des professionnels de santé migrants ont réalisé l’importance de leur nécessaire implication et ont choisi de mettre en place des  mesures afin de faciliter leur entrée sur le territoire et la reconnaissance de leurs diplômes. 

En avril 2020 face aux urgences liés à la pandémie,  la Commission Européenne a exigé des états membres de « faciliter le passage des frontières aux professionnels de santé et de leur permettre d’accéder librement à un emploi dans un établissement de soins de santé dans un autre État membre ».  De nouveau, au Royaume-Uni,  les médecins, infirmiers et auxiliaires de santé dont le visa expirait avant le 1er octobre 2020 l’ont vu  automatiquement prolongé d’une année. En Allemagne, en Saxe, il a été demandé aux étrangers du secteur médical de se faire connaître pour une procédure de recrutement en cas de pénuries. Accélération de la reconnaissance des diplômes étrangères (par ex. en Allemagne, en Belgique, en Irlande, au Luxembourg), ou de simplification des procédures ( cela va jusqu’aux tests de langue revu en Allemagne ou la suppression des entretiens d’embauche en Lituanie).  Il ne s’agit ici que de quelques exemples parmi d’autres. 

La France, aussi très concernée.

Dans les hôpitaux français ce ne sont pas moins de 4 à 5 mille médecins et soignants étrangers qui y travaillent avec un statut précaire. Ils sont par ailleurs souvent en première ligne face au coronavirus. 

Nefissa Lakhdara, gynécologue obstétricienne algérienne qui réalise une césarienne sur une patiente atteinte du Covid-19 à la maternité de l’hôpital d’Évry,  dira sur une chaine d’info française qu’elle se souvient très bien avoir pris conscience à ce moment-là qu’autour d’elle, toute l’équipe était constituée de soignants qui ont obtenu leurs diplômes à l’étranger. Les internes, le pédiatre, le réanimateur… C’était tous des « Padhue » (Praticiens à diplôme hors Union Européenne), dira-elle à France 24, en utilisant l’acronyme pour désigner ses collègues praticiens hospitaliers.

« Ces Padhue sont particulièrement présents dans les services d’urgences, de gériatrie, de réanimation, d’anesthésie, de gynécologie-obstétrique, car ce sont des domaines particulièrement pénibles avec des gardes très longues […]. Sans les Padhue, ces services critiques pour faire face au Covid-19 n’auraient pas pu fonctionner en période de pandémie », conclut le docteur Lakhdara.

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