Mohammed Kerarma, un sans papier retrouvé mort le 15 novembre dernier à Boussu, la famille s’interroge : « Pourquoi refuse-t-on de nous remettre le corps ? »

Le 15 novembre dernier, Mohammed Kerarma, un sans papier d’origine algérienne, trouve la mort à Boussu dans la région montoise. Son corps avait été retrouvé écrasé sous un coffre-fort. La macabre découverte, c’est le nouveau propriétaire des lieux qui l’a faite en se rendant à l’étage de l’ancienne ferme qu’il venait à peine d’acquérir.

Né en janvier 1977, à Oran, c’est fin 2008 que Mohammed Kerarma arrive de manière clandestine. D’abord à Alicante, en Espagne, avant de poursuivre jusqu’en Belgique. Depuis son arrivée en Europe, l’homme vivait de petits boulots ou rendait des services en échange de quelques euros.

Si la victime a été découverte le 15 novembre, elle serait néanmoins morte une dizaine de jours plus tôt, au environ du 5 novembre. Quelques jours après la découverte du corps, le parquet de Mons révèle les résultats de l’autopsie et confirme que le décès était bien dû à la chute du coffre-fort. Pour les enquêteurs, Mohammed était accompagné de complices ( probablement deux selon nos sources) car la disqueuse qui avait servi à desceller avait disparu.

La police de Mons avait alors lancé un appel à témoin pour identifier la victime. Suite à la publication de la photo dans la presse et sur les réseaux sociaux, la famille en Algérie s’est immédiatement manifestée auprès des autorités algériennes à Bruxelles.  

« On l’avait cru en prison. »

Divercite.be a rencontré l’un de ses frères arrivé d’Algérie samedi dernier et un ami de la famille qui vit et travaille légalement en Belgique. Pour ce dernier, la disparation de Mohammed Kerarma en novembre 2021 avait été supputée, par son entourage, à une arrestation par la police. Lorsque la photo fut publiée, ses amis sont restés sous le choc de la nouvelle. La question que se pose aujourd’hui la famille de Mohammed est : pourquoi le parquet de Mons, dont le dossier est confié à la juge Paméla Lonfils, n’a toujours pas remis la dépouille à la famille ? Le dossier qui bloque depuis deux mois, malgré la proposition de la famille d’une identification à distance, laisse perplexe la communauté algérienne en Belgique autant que sa famille au pays.

« Le corps d’une victime, une pièce à conviction comme les autres »

Divercite.be a tenté de prendre contact avec la juge Lonfils, mais celle-ci a refusé de répondre à nos questions, évoquant le secret de l’instruction. Depuis deux mois, la famille est privée du corps et donc de la possibilité d’accomplir le travail de deuil. Ce 19 janvier, le frère de Mohammed Kerarma, Moktar Kerarma, devra subir un prélèvement d’ADN prouvant sa filiation avant de pouvoir identifier le corps de son frère toujours à la morgue. Il espère pouvoir récupérer le corps pour un rapatriement en Algérie dans les plus brefs délais. À notre question posée à un inspecteur de police quant à la procédure de rétention des corps par la justice plusieurs semaines voire, plusieurs mois, il nous a répondu : « lorsqu’il y a mort suspecte ou dans des circonstances de crime, le pouvoir judicaire considère le corps d’une victime comme étant une pièce à convictions comme les autres. »

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