Mort de Sourour Abouda : La police aurait menti sur les causes de son décès

Trois semaines après la mort mystérieuse de la Belgo-Tunisienne Sourour Abouda (voir notre article ici) dans le Centre de détention de la zone Bruxelles-Capitale-Ixelles, il semblerait que la police aie fomentée, par un mensonge, l’annonce d’une mort par suicide. Mi-janvier, le parquet de Bruxelles avait annoncé qu’une enquête était ouverte et qu’elle serait confiée au comité P, la police des polices,  afin que soient étudiées les images de caméras de surveillance.

L’autopsie qui avait alors été faite révèle, sur la base des premières constatations, qu’ il n’y avait pas eu d’intervention de tiers. Dans le rapport de police, l’état d’ébriété de Sourour n’avait pas été repris alors que la communication externe, après son décès, l’affirmait.

Pour rappel : Sourour Abouda se fait arrêter par la police à 6h du matin le mercredi 11 janvier alors qu’elle était dans la voiture d’inconnus qui étaient garés en double file. Ils tentent de la faire sortir mais elle refuse tout en tenant des propos incohérents.

Dans ce Centre de détention de la rue Royale transitent 9000 personnes chaque année selon le bourgmestre de Bruxelles-Ville, Philippe Close. Depuis 2021, c’est déjà le troisième décès suspect (lire ici). Nos confrères de la RTBF ont ainsi pu retrouver un témoin de l’arrestation qui affirme avoir vu, depuis sa fenêtre, «deux camionnettes de police et cinq policiers qui ont réussi à la faire sortir de sa voiture avant de la menotter». Elle semblait désorientée, mais n’aurait pas résisté à l’arrestation. Toujours selon le témoin, elle n’aurait pas été agressive et les policiers non plus pendant qu’ils lui passaient les menottes.

Si dans la presse il a été fait mention d’un état d’alcoolisme, le rapport de police ne le mentionne pas.

Christos Doulkeridis, le Bourgmestre d’Ixelles dont dépend également le Centre de détention, confirme que l’état d’ébriété ne figure pas dans le rapport des policiers. Doulkeridis, dans un entretien, confirme que  « Les policiers qui ont procédé à l’intervention écrivent qu’ils n’ont pas diagnostiqué d’état d’ébriété à ce moment-là. Alors évidemment aujourd’hui avec toutes les informations qu’on a pu récolter sur ce que la victime a fait avant l’intervention policière, on peut avoir une lecture tout à fait différente. Mais on n’était pas sur place. Les policiers sont de grands professionnels. Et je n’ai actuellement aucun élément pour estimer qu’ils ont mal fait leur travail. Je n’ai que très peu d’informations sur l’enquête« .

Selma Benkhelifa, l’avocate de la famille regrette qu’à ce jour elle n’ait pas encore pu avoir accès  au rapport administratif ou a tout autre document du dossier. Si la thèse du suicide ne tient plus, c’est parce que les caméras de surveillance révèlent que la pauvre femme aurait crié à l’aide en direction des caméras se sentant prise d’un malaise. S’il est prouvé qu’il s’agit de non-assistance à personne en danger, les conséquences pour la zone de police en question pourraient être catastrophiques. L’avocate de la famille de Sourour le relève également : « Toutes les constatations qu’un policier prudent doit faire, si cela n’a pas été fait ici, c’est une faute qui peut constituer une infraction pénale. On parle de non-assistance à personne en danger, voire même d’homicide involontaire par défaut de prévoyance ».  

Déjà en décembre 2021, lors du décès du jeune Mohamed Amine Berkane, dans le même Centre de rétention, entre l’heure de la mort du jeune Algérien et la découverte de son corps, il s’était écoulé plusieurs heures. Dans le cas de Sourour Abouda il aura fallu plus d’une heure entre son décès et l’arrivée d’un premier policier dans la cellule.

 

 

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