Nadia Aghbal, ingénieure en pharmaceutique et créatrice de caftans

Nadia Aghbal est une jeune femme de son temps. Bosseuse, ambitieuse, déterminée et, surtout, qui sait où elle va. Née en novembre 1987 à Bruxelles, d’origine marocaine, étudiante brillante, cette jeune maman, ingénieure diplômée de l’ULB et de Solvay, travaille actuellement en tant que cheffe de projet d’ingénierie en freelance dans le milieu pharmaceutique et, depuis quelques mois… créatrice de caftans.

Les médias font souvent le choix de poser l’œil de la caméra sur la singularité qui fait la différence. Les hommes et les femmes comme Nadia ne font pas l’actualité. Même s’ils sortent du lot, ils restent souvent invisibles. Nadia, elle, est le reflet d’une nouvelle génération de femmes issues de l’immigration qui a, non seulement fait des études mais qui montre aussi un caractère d’entrepreneur. Epouse et mère, elle ne néglige pas pour autant sa créativité à qui elle offre une grande place dans sa vie.

Parcours d’une petite fille peu sûre d’elle

Aînée d’une fratrie de 3 enfants, Nadia a toujours été «hyper studieuse» affirme-t-elle, « j‘ai toujours aimé l’école. J’adorais la rentrée et je me préparais avec joie. Prendre soin de mon matériel, poser mes petites étiquettes sur mes cahiers, c’était quelque chose qui me plaisait énormément…»

Pourtant, elle manque de confiance en elle «je me cachais derrière mes amis et répétais souvent mes leçons », «j’ai toujours été très perfectionniste». Les études, Nadia sentait déjà que c’était un tremplin incontournable pour réussir dans la vie.

Sa maman n’a pas eu la chance de fréquenter l’école et son papa partait souvent en voyage pour le travail, Nadia se souvient d’une maman « désarmée quand j’ai commencé ma scolarité. Elle a été  franche et transparente en disant à mes enseignants : je ne sais pas accompagner mon enfant et j’ai besoin d’aide ». Il y eut donc les écoles de devoir, mais aussi « une super belle rencontre. C’était une maman dont le fils était dans ma classe, Alexandre. C’est elle qui m’a aidée, nous étions voisins, on habitait pas très loin l’un de l’autre».

Une maman courageuse, une grand-mère modèle

Même si la mère de Nadia n’a jamais fréquenté l’école, cela n’en fait pas moins une femme très indépendante. Arrivée seule en Belgique, elle se débrouillera pour y construire sa vie « elle voulait aider sa famille, ses parents l’ont laissé partir. Ici, elle a rencontré une femme médecin qui l’a prise sous son aile et qui est devenue un peu une grand-mère pour nous.»

« Une marraine» qui enseignera le français à la mère de Nadia, mais qui lui proposera également  un contrat de travail qui lui permettra d’avoir une carte de résidence. Quelque temps après, elle rencontrera celui qui deviendra le père de notre ingénieure.

Le respect et l’admiration que Nadia voue à ces deux figures féminines forgeront aussi une part de sa personnalité. La grand-mère par procuration, dont la vie fut riche, fascinera Nadia «Je l’appelle ma grand-mère parce que, ça paraît un peu spécial, mais c’est une personne qui a énormément comptée pour nous. Qui s’est intégrée dans notre famille. » Née en 1918, elle décéda en 2013 « quand je suis partie aux États-Unis, j’ai raté de peu son décès. J’avais beaucoup de respect pour elle. Diplômée en médecine juste après la fin de la guerre, elle avait intégré, pendant le conflit, un groupe de résistants communistes. Avec ma mère, c’est un vrai modèle pour moi ».

Ingénieure chimiste à créatrice de caftans, un seul pas !

Elle adore son métier d’ingénieure. Elle évolue dans un univers essentiellement masculin avec beaucoup d’assurances et de compétences. Mais ce métier cartésien et hautement technique a trop longtemps fait de l’ombre à son côté créatif. Un jour, en voiture avec son mari sur une route de Sardaigne, elle lui avoue ne pas avoir encore trouvé le caftan qu’elle aimerait porter pour le mariage de son frère. Elle lui dira « si j’avais le temps, je dessinerais mon propre truc » . « Mon mari a toujours été mon premier supporter et m’a toujours poussé à initier mes projets et mes idées folles ». Ainsi, de fil en aiguille, l’idée se développe, prend de l’épaisseur et, elle et son mari, se lancent dans l’aventure de la création et l’élaboration  de caftans marocains qu’ils appelleront EtniKaf !

Petite, j’ai toujours beaucoup dessiné. Je dessinais énormément, je confectionnais aussi. J’inventais des crèmes toute seule dans mon coin. Quand je jouais dans le jardin,  je faisais des petits frottis avec des herbes pour en faire des  décoctions.  Je touchais vraiment à tout.

Bien sûr, Nadia n’est pas la première à lancer son entreprise de location de caftans, mais elle se singularise par les modèles qu’elle propose. «Sur Instagram, ça pullule, de styles que je n’aime pas spécialement parce que ce n’est pas mon genre. L’idée est partie de là et mon mari a découvert que je savais dessiner au bout de 8 ans quand même » (rire).

L’originalité de ligne que propose Nadia c’est aussi des caftans adaptés aux femmes « Au Maroc, c’est incroyable le nombre de femmes qui conduisent des mobylettes ».

 

Un showroom à Uccle

Aujourd’hui, Etnikaf propose, dans un showroom, ses modèles pour la location. Ses tissus viennent du Maroc, mais la confection se fait en Belgique, par un couturier originaire du Sud marocain « qui arrive à traduire mes folies. Avec EtniKaf au-delà de la location de vêtement, je partage un peu de moi. Mes créations, c’est mon identité, c’est ce que j’aime partager, c’est ma culture, ce sont mes origines, c’est tout ce qui me tient à cœur».

https://www.instagram.com/etnikaf/

 

 

 

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