DiverCite.be a rencontré Anwar Soulami, le nouveau Président de l’Union Belge des Médiateurs Professionnels (UBMP). Ce père de famille qui a connu une carrière internationale dans le développement humain et l’accompagnement stratégique s’est reconverti dans la médiation. Peu connue du grand public, la médiation connaît un développement de plus en plus important en tant que mode alternatif pour la résolution des conflits.
Entretien
DiverCite.be : Anwar Soulami, qu’est-ce que la médiation et comment fonctionne-t-elle ?
Anwar Soulami : La médiation est un processus flexible, structuré et confidentiel qui peut être utilisé dans différents domaines, comme les conflits familiaux, les litiges commerciaux, les différends administratifs ou les conflits interculturels par exemple. L’objectif est de faciliter une communication constructive et une recherche de solutions satisfaisantes pour les deux parties. Tout cela implique l’intervention d’un tiers qui se doit d’être neutre, indépendant, impartial… en mettant l’’accent sur des solutions consensuelles afin d’ arriver, dans le meilleur des cas, à un accord.
DiverCite.be : Pourquoi serait-il utile de faire appel à la médiation ?
Anwar Soulami : Parmi les avantages de la médiation, par rapport à d’autres formes de résolution des conflits, tels que les procédures judiciaires, il y a le fait de favoriser des solutions personnalisées et durables, de préserver les relations et d’offrir un processus plus rapide et plus abordable financièrement.
DiverCite.be : Que peut-on dire de la situation de cette profession en Belgique ?
Anwar Soulami : Elle est aujourd’hui largement reconnue et soutenue par le gouvernement, les tribunaux et les professionnels du droit. On dispose d’un cadre juridique qui la régit et définit les droits et devoirs des parties mais aussi des médiateurs. L’utilisation de la médiation est encouragée comme alternative aux procédures judiciaires et elle offre la possibilité de faire appel à l’assistance judiciaire pour couvrir les frais et honoraires du médiateur. Ce qui n’est quand même pas négligeable pour ceux qui ne peuvent pas toujours payer ce service. La seule condition étant que la médiation soit menée par un médiateur agréé par la Commission fédérale de médiation.
DiverCite.be : En tant que Président de l’Union belge des médiateurs professionnels, vous jouez un rôle important dans la promotion de la médiation en Belgique et dans la représentation des médiateurs professionnels du pays. Quels sont vos principales missions ?
Anwar Soulami : Promouvoir la médiation en tant que processus de résolution des conflits efficace, équitable et respectueux des parties. Nous représentons les intérêts des médiateurs. Nos objectifs principaux sont de renforcer la reconnaissance et la protection de la profession, promouvoir des politiques favorables et élargir l’accès à la médiation pour tous. Pour cela, nous collaborons avec les acteurs clés comme les institutions gouvernementales, les organisations de la société civile et les associations professionnelles connexes.
DiverCite.be : Y-a-t-il un intérêt à avoir recours à la médiation pour les gens issus de la diversité et dans quel cadre ?
Je répondrai que oui car la médiation a plusieurs avantages pour les minorités. Elles ont souvent des besoins, des préoccupations et des perspectives spécifiques qui nécessitent une attention particulière. La médiation permet de reconnaître ces besoins et de les intégrer dans le processus de résolution du conflit, ce qui favorise une prise de décision plus équilibrée et sensible à la diversité. Je dirais aussi qu’elle encourage l’autonomie des parties en leur donnant un rôle actif dans la recherche de solutions plutôt que de se voir imposer des décisions prises par des tiers.
DiverCite.be : Il y a donc une prise en compte de la culture et de l’identité ?
Anwar Soulami : Oui, tout à fait, c’est un outil qui offre un espace où les minorités peuvent exprimer leur culture, leur identité et leurs valeurs sans crainte de discrimination ou de marginalisation. Les médiateurs formés à la diversité culturelle peuvent adapter leur approche et faciliter la communication, favorisant ainsi une meilleure compréhension mutuelle et des solutions plus appropriées. On tient compte aussi des relations entre les parties en conflit. C’est important pour les minorités, car elles ont souvent des liens communautaires et familiaux étroits.
Enfin je dirais que la médiation est beaucoup plus accessible et moins coûteuse que les procédures judiciaires et donc particulièrement plus adaptée pour les minorités qui pourraient faire face à des obstacles financiers ou linguistiques.
Si vous souhaitez entrer en contact avec l’UBMP: https://www.linkedin.com/in/anwar-soulami/