L’hebdomadaire d’extrême-droite Valeurs Actuelles publie une tribune signée par une vingtaine de généraux français à la retraite, une centaine de haut-gradés et plus d’un millier de militaires. L’appel intervient à quelques jours du 60e anniversaire de la tentative de putsch d’Alger du 21 avril 1961. Pour rappel, il s’agissait d’une tentative de putsch avortée menée par quatre généraux cinq étoiles pour le maintien de l’Algérie française et contre la politique d’autodétermination et de décolonisation imprimée par le Général de Gaulle après son retour au pouvoir en juin 1958. A l’évidence, 60 ans après les Accords d’Evian, la guerre d’Algérie n’est toujours pas finie …
Rédigée à l’initiative de Jean-Pierre Fabre Bernadac, officier de carrière et animateur du site Place d’Armes, la tribune dénonce les « dangers mortels » qui pèsent sur la France. Quels sont précisément ces dangers ? Selon les signataires du texte, ce sont les antiracistes qui « parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais à travers ces termes c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. » Les anti-racistes sont soupçonnés d’être responsables du « délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution« . Le plaidoyer de ces militaires se termine par une menace à peine voilée à l’égard des institutions : « (…) si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national. On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. » A l’appui de ces propos hors-sol, les auteurs mobilisent et détournent une citation d’un belge, le cardinal Désiré Joseph Mercier, partisan de la résistance lors de la deuxième guerre mondiale, pour qui « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part ».
Sans étonnement, Marine Le Pen a invité les signataires à la rejoindre. Jean-Luc Mélenchon, de son côté, a rapidement appelé sur les réseaux sociaux à un sursaut démocratique contre cet « appel factieux ». D’autres voix comme, celles de Benoit Hamon ou Clémentine Autain, se sont également rapidement fait entendre pour dénoncer une dérive inquiétante et une « menace fasciste ». Le chef des armées françaises, le Président de la République, Emmanuel Macron, est au pied du mur. A force d’avoir passé les derniers mois à courir derrière les idéologies de l’ultra-droite, il est aujourd’hui face aux effets bien réels du sentiment de menace qu’il a contribué à construire et entretenir.

