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Si le courage porte un nom, c’est celui de Zarifa Ghafari. Cette jeune femme de 27 ans est en sursis dans un Afghanistan tenu, désormais, par des hommes qui ne supportent pas la présence de celles qui œuvrent, pensent et agissent hors des murs d’une maison.
« Je sais que les talibans vont me tuer »
Zharifa Ghafari est une héroïne, un exemple pour les afghanes mais pour toutes les femmes à travers le monde. Sa mère était institutrice et son père colonel des brigades des commandos de l’Armée nationale afghane. Il est assassiné en novembre 2020, après plusieurs tentatives. Zharifa fait de brillantes études et obtient une maîtrise en économie. Elle est ensuite choisie par le président Ashraf Ghani qui la nomme maire de Maydan Shahr, en juillet 2018, après un concours où elle obtient les meilleurs résultats.
Dès sa désignation, elle devient la cible des fondamentalistes.
Lorsqu’elle arrive dans son bureau le premier jour, il est occupé par des hommes menaçants et agressifs, dans le but de l’intimider. Ce seront alors des membres de la force paramilitaire afghane qui devront l’évacuer. Ce n’est que huit mois plus tard qu’elle pourra commencer réellement à exercer son mandat.
Zarifa est la première femme à occuper un poste généralement masculin dans la province très conservatrice de Wardak. Il est à préciser que les talibans sont dans un secteur qui leur est acquis en terme de popularité et c’est la raison pour laquelle la maire Zarifa Ghafari ne vit pas dans la ville où elle exerce ses fonctions mais à Kaboul.
Depuis qu’elle est devenue maire, elle a reçu un nombre incalculable de menaces de mort et c’est la raison pour laquelle, le 4 mars 2020, on lui décerne le prix international de la femme de courage, que lui remettra l’ex-première dame américaine Melania Trump et Mike Pompeo alors secrétaire d’Etat américain.
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« Je sais que je peux mourir à tout moment. Ma mission importe plus que tout. Je veux ouvrir la voie aux femmes de ce pays. Leur montrer ce qu’elles peuvent accomplir ».
Ces propos sont ceux qu’elles a livré à nos confrères de Ouest-France en février 2021. Zarifa Ghafari reste une priorité pour les talibans. Elle incarne ce qu’ils honnissent le plus au monde : une femme instruite, courageuse et de pouvoir. L’asile politique pourrait lui être accordé, mais elle affirmait encore à un quotidien anglais le 15 aout dernier : « Je ne peux pas quitter ma famille. Et, de toute façon, où irais-je ? » avant d’ajouter : « Il n’y a personne pour m’aider moi ou ma famille. Je suis juste assise avec eux et mon mari. Je ne peux pas les quitter(…).
Samedi dernier, la veille de la prise de Kaboul par les Talibans, elle partageait sur son compte Twitter à destination de ses compatriotes : « Je tiens votre douleur pour acquise et je suis prête à rester ici jusqu’au dernier moment de ma vie pour la prospérité de cette belle terre ».