Albert Camus, un Algérien pas comme les autres !

Cette année voit les 60 ans de l’indépendance de l’Algérie, divercite.be vous proposera régulièrement le portrait d’une grande figure littéraire liée à l’Algérie. Aujourd’hui : Albert Camus 

 

Albert Camus a Paris en octobre 1957.
©MP/Leemage (Photo by leemage / Leemage via AFP)

Dire d’ Albert Camus qu’il est l’un des plus grands écrivains de l’histoire de la littérature mondiale est un euphémisme. Camus n’écrit pas, il expose. Camus ne décrit pas, il « habite ».

Chaque phrase et chaque mot choisis semblent avoir été conçus par lui pour définir, à l’instant même où il écrit, ce pan des émotions humaines qu’il est l’un des rares romanciers à décrire de l’intérieur. N’est pas un Prix Nobel de littérature qui veut. Il le reçoit le 10 décembre 1957 pour l’ensemble d’une œuvre qui met en lumière les problèmes qui se posent « de nos jours à la conscience des hommes » .

Albert Camus est né en Algérie en 1913 dans un village Constantinois. Il ne connaitra jamais son père qui meurt à 28 ans alors qu’il n’a pas encore un an. Il garde de lui une photo et une anecdote : »son dégoût devant le spectacle d’une exécution capitale ». Cette évocation sera reprise dans son magistral roman « L’étranger » où son personnage principal connaîtra le même ressentiment alors qu’il est lui-même condamné à mort.

Élevé par sa mère, mais surtout par une grand-mère pauvre et autoritaire dans le quartier misérable de Belcourt, à Alger, Camus dira cette phrase magnifique : « La misère m’empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans l’histoire ; le soleil m’apprit que l’histoire n’est pas tout. » L’auteur éprouve pour sa mère un amour profond, mais il n’y aura jamais de véritable communication entre eux. C’est une femme exténuée par le travail, à demi sourde et presque analphabète.

Pendant la guerre franco algérienne, il publie en 1955 et 1956 des articles dans le journal l’Express. Des textes d’une grande lucidité sur les exactions commises aussi bien par la France que par les combattants pour l’indépendance.

Déjà en 1939, lorsqu’il sera envoyé en reportage en Kabylie, il dénoncera l’atroce et misérable vie des populations   » j’ai mal à l’Algérie » dira-t-il, mais lors de la remise du prix Nobel de littérature en 1957, en réponse à une question que lui pose un jeune algérien, il dira cette phrase qui suscita beaucoup de commentaires à l’époque : « J’ai toujours condamné la terreur, je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger, par exemple et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois en la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »

L’absurde…

Les historiens voient dans l’œuvre de Camus une empreinte existentialiste, mais Camus refuse ce genre défendu par Sartre, un temps son ami avant de devenir son grand ennemi. Il travaille l’absurde et ce qui fascine dans son œuvre est justement le traitement de l’absurde.

Cette manière qui lui est propre de voir le monde, la vie, le temps qui passe et qui s’inscrit en nous et malgré nous. La vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Pour la plupart des hommes, vivre se résume à « faire les gestes que l’habitude commande ». Mais le suicide soulève la question fondamentale du sens de la vie : « Mourir volontairement suppose qu’on a reconnu, même instinctivement, le caractère dérisoire de cette habitude, l’absence de toute raison profonde de vivre, le caractère insensé de cette agitation quotidienne et l’inutilité de la souffrance »

Camus aime la vie, les femmes, l’Algérie, le soleil. Il écrit et prend du plaisir à créer pour le théâtre. Ses pièces sont très (trop ?) littéraires, mais il s’en fout, il met en scène et joue même parfois.

Alors que Sartre éprouve un dégout pour la littérature, Camus y exprime tout le mal-être de l’homme, toute sa face sombre et la terrible remise en question du sens et de la raison même de la vie.

« Je tire de l’absurde trois conséquences qui sont  ma révolte, ma liberté, ma passion. Par le seul jeu de ma conscience, je transforme en règle de vie ce qui était une invitation à la mort – et je refuse le suicide »

Ainsi se définit l’attitude de « l’homme absurde ».

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